Trouble d'abus de consommation d'alcool et rééducation

ParGerald F. O’Malley, DO, Grand Strand Regional Medical Center;
Rika O’Malley, MD, Grand Strand Medical Center
Vérifié/Révisé déc. 2022
Voir l’éducation des patients

Le trouble de consommation d'alcool comprend un mode de consommation d'alcool qui comprend généralement une avidité et des manifestations de tolérance et/ou de sevrage ainsi que des conséquences psychosociales négatives. L'alcoolisme et l'abus d'alcool sont des termes courants, mais moins rigoureusement définis qui s'appliquent aux sujets ayant des problèmes liés à l'alcool.

Le trouble de consommation d'alcool est assez fréquent. On estime que 13,9% des adultes aux États-Unis présentent un trouble de la consommation d'alcool sur une période de 12 mois. La prévalence est la plus élevée chez les jeunes adultes et diminue avec l'âge. Parmi les sujets âgés de 18 à 29 ans, la prévalence estimée du trouble de consommation d'alcool sur 12 mois est de 26,7% (1), et celui de la consommation sévère d'alcool est de 7,1%, alors que pour les sujets de ≥ 65 ans, la prévalence de 12 mois de l'alcoolisme n'est que de 2,3%.

La consommation risquée d'alcool est définie par la quantité et la fréquence de la consommation:

  • > 14 boissons/semaine ou 4 verres par occasion chez l'homme

  • > 7 boissons/semaine ou 3 verres par occasion chez la femme

En comparaison de plus petites quantités, ces quantités sont associées à un risque accru d'une grande variété de complications médicales et psychosociales.

(Voir aussi Intoxication et sevrage de l'alcool.)

Références générales

  1. 1. Grant BF, Goldstein RB, Saha T, et al: Epidemiology of DSM-5 alcohol use disorder results from the National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions III. JAMA Psychiatry 72(8):757–766, 2015. doi: 10.1001/jamapsychiatry.2015.0584

Étiologie des troubles liés à la consommation d'alcool

Une habitude mal adaptée à boire qui constitue l'alcoolisme, peut commencer par le désir d'atteindre un sentiment de plénitude. Certains buveurs qui trouvent ce sentiment gratifiant recherchent alors à atteindre régulièrement cet état. De nombreuses personnes qui abusent chroniquement de l'alcool ont certains traits de personnalité: un sentiment d'isolement, de solitude, une timidité, une dépression, une dépendance et une impulsivité hostile et autodestructrice.

Les facteurs sociaux, les attitudes culturellement transmises ou l'éducation des enfants, modifient les modalités de la consommation alcoolique et les comportements qui en découlent. Les troubles de la consommation d'alcool peuvent être observés chez n'importe qui, indépendamment de l'âge, du sexe, des origines, de l'appartenance ethnique ou de la situation sociale. Ainsi, les médecins doivent dépister les problèmes d'alcool chez tous les patients.

Facteurs génétiques

Jusqu'à 45 à 65% de la variance du risque serait dû à des facteurs génétiques. L'incidence du trouble d'abus d'alcool est plus élevée chez les enfants biologiques de sujets qui ont des problèmes d'alcool que chez les enfants adoptifs dans une famille donnée (et est également plus élevée que dans la population générale). Il existe des éléments en faveur de la prédisposition génétique ou biochimique, incluant les données qui évoquent que certaines personnes devenant alcooliques sont moins facilement intoxiquées (c'est-à-dire, elles ont un seuil plus élevé d'effets système nerveux central).

Symptomatologie des troubles liés à la consommation d'alcool

Des conséquences sociales graves sont habituellement observées en cas de trouble de consommation d'alcool. Une intoxication fréquente est manifeste et destructrice; elle gêne l'intégration sociale et professionnelle. Les blessures sont fréquentes. Finalement, la perte relationnelle et la perte de son travail due à l'absentéisme peuvent survenir.

La personne peut être arrêtée pour état d'ébriété ou être appréhendée pour conduite en état d'ivresse et perdre son permis de conduire lors d'infractions répétées. Aux États-Unis, tous les États définissent la conduite avec une alcoolémie égale ou supérieure à 80 mg/dL (0,08%, [17,4 mmol/L]) comme un délit, mais les lois et les peines spécifiques de chaque État varient.

Diagnostic des troubles liés à la consommation d'alcool

  • Habituellement, un diagnostic clinique

  • Dépistage

Selon le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition-Text Revision (DSM-5-TR), on est en présence d'un trouble de consommation d'alcool si le sujet présente des anomalies ou une souffrance cliniquement significatives, comme en témoigne la présence de ≥ 2 éléments suivants sur une période de 12 mois:

  • La consommation d'alcool en grandes quantités ou sur une durée plus longue que prévue

  • Le désir persistant ou l'incapacité à diminuer la consommation d'alcool

  • Passer un temps considérable à se procurer, à boire ou à se rétablir après avoir bu de l'alcool

  • Le désir d'alcool

  • Le fait de ne pas remplir ses obligations au travail, à la maison ou à l'école de façon répétée à cause de l'alcool

  • Continuer à consommer de l'alcool malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux récurrents dus à l'alcool

  • Abandonner des activités sociales, professionnelles ou de loisir importantes à cause de l'alcool

  • Consommer de l'alcool dans des situations mettant la vie en danger

  • Continuer à consommer de l'alcool en dépit d'un trouble physique (p. ex., la maladie hépatique) ou mental (p. ex., la dépression) provoqués ou aggravés par l'alcool

  • Présenter une tolérance à l'alcool

  • Présenter des symptômes du sevrage alcoolique ou boire de l'alcool en raison du sevrage

Dépistage

Certains problèmes liés à l'alcool sont diagnostiqués quand les sujets cherchent un traitement médical pour leur consommation d'alcool ou pour des maladies évidemment liées à l'alcool (p. ex., delirium tremens, cirrhose). Cependant, nombre de ces sujets passent inaperçus pendant une longue période. La femme alcoolique a en général tendance à boire de manière solitaire et manifeste moins de symptômes. Donc, de nombreuses organisations gouvernementales et professionnelles recommandent le dépistage de l'alcool lors des consultations systématiques.

Une approche par étapes (voir tableau Degrés de dépistage des problèmes d'alcool) peut permettre d'identifier les patients qui nécessitent des questions plus détaillées. Plusieurs questionnaires détaillés validés sont disponibles, dont le questionnaire AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test) et le CAGE questionnaire.

Tableau
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Traitement et réadaptation du trouble de consommation d'alcool

  • Programmes de rééducation

  • Conseils ambulatoires

  • Groupes d'entraide

  • Envisager des médicaments (p. ex., naltrexone, disulfirame [Antabuse], acamprosate)

Tous les patients doivent être conseillés pour diminuer leur consommation d'alcool au-dessous des niveaux à risque.

Chez les patients identifiés comme étant buveurs à risque, le traitement peut commencer par une brève discussion sur les conséquences médicales et sociales et une recommandation visant à réduire ou à cesser de boire, avec un suivi du sujet concernant la prescription (voir tableau Interventions brèves pour problèmes d'alcool).

Tableau
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Chez les patients qui présentent des problèmes plus graves, en particulier après que des mesures moins intensives aient été infructueuses, un programme de réhabilitation est souvent la meilleure approche. Les programmes de réhabilitation combinent une psychothérapie individuelle, incluant le traitement de groupe, avec supervision médicale. Pour la plupart des patients, la réhabilitation ambulatoire est suffisante; la durée de ces programmes varie, typiquement des semaines à plusieurs mois, voire plus si nécessaire.

Les programmes de réhabilitation sont réservés aux patients hospitalisés qui présentent une dépendance à l'alcool plus grave et à ceux présentant des problèmes importants de toxicomanie, d'abus de psychotrope et de substance. La durée du traitement est habituellement plus brève (habituellement quelques jours ou semaines) que celles des programmes de soins ambulatoires et peut être favorisée par la réassurance des patients.

La psychothérapie utilise des techniques qui augmentent la motivation et apprennent au patient à éviter les circonstances qui déclenchent la prise d'alcool. Le soutien social à l'abstinence est important, dont le soutien par la famille et les amis.

Entretien

Le maintien de la sobriété est difficile. Le patient doit être averti qu'après quelques semaines, lorsqu'il sera remis de sa dernière crise, il trouvera probablement une excuse pour reprendre un verre. Il doit également être informé bien qu'il lui soit possible de boire modérément pendant quelques jours, voire plus rarement pendant quelques semaines, mais qu'inéluctablement il reprendra ses comportements éthyliques antérieurs sans pouvoir se contrôler.

Outre le service d'aide prévu dans les programmes ambulatoires et hospitaliers de traitement de l'alcoolisme, des groupes d'entraide ainsi que certains médicaments permettent d'éviter les rechutes chez certains patients.

Les Alcooliques Anonymes sont les groupes d'entraide les plus connus. Le patient doit trouver un groupe d'AA où il se sente bien. Les Alcooliques Anonymes permettent au patient de rencontrer des amis abstinents toujours disponibles ainsi qu'un lieu de socialisation non alcoolique. Le patient peut également écouter les autres exposer devant le groupe des arguments qu'il a utilisés lui-même pour justifier sa propre consommation d'alcool. L'aide qu'il apporte aux autres patients alcooliques peut renforcer l'estime de soi et l'assurance qu'il n'obtenait antérieurement que par l'alcool. De nombreux alcooliques sont réticents à entrer dans des groupes d'Alcooliques Anonymes et trouvent l'assistance individuelle, le conseil familial ou les traitements de groupe ou familiaux plus acceptables. Des organisations alternatives, telles que LifeRing Secular Recovery (organisations séculières pour la sobriété) existent et sont destinées à ceux qui recherchent une autre approche.

Le traitement médicamenteux doit être associé à un conseil et ne doit pas constituer le traitement unique. Le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA) fournit un guide for clinicians (guide destiné aux médecins) qui concerne la prise en charge médicale et la pharmacothérapie de la dépendance à l'alcool, tout comme le propose l'American Psychiatric Association; il existe également d'autres publications et ressources destinées aux professionnels de santé et aux patients.

Le disulfirame (antabuse), premier médicament destiné à éviter les rechutes de dépendance alcoolique, perturbe le métabolisme de l'acétaldéhyde (un produit intermédiaire de l'oxydation de l'alcool) qui s'accumule alors. La consommation d'alcool dans les 12 heures qui suivent la prise de disulfirame (antabuse) entraîne des bouffées vasomotrices au niveau du visage survenant en 5 à 15 min, puis se produit une intense vasodilatation du visage et du cou associant injection conjonctivale, céphalées pulsatiles, tachycardie, dyspnée et sudations. Avec de fortes doses d'alcool, les nausées et les vomissements peuvent apparaître en 30 à 60 min et peuvent aboutir à une hypotension et parfois aux évanouissements et au collapsus. La réaction peut durer jusqu'à 3 heures. Peu de patients se risquent à boire de l'alcool s'ils sont sous disulfirame (antabuse) du fait de la gêne intense ressentie. Les médicaments contenant de l'alcool (p. ex., teintures; élixirs; sirops en vente libre pour la toux et les rhumes, qui contiennent jusqu'à 40% d'alcool) doivent également être évités.

Le disulfirame (antabuse) est contre-indiqué pendant la grossesse et chez le patient cardiaque décompensé. Il peut être administré à un patient en ambulatoire après 4 ou 5 jours d'abstinence. La dose initiale est de 0,5 g par voie orale 1 fois/jour pendant 1 à 3 semaines, suivie d'une dose d'entretien de 0,25 g 1 fois/jour. Les effets peuvent persister pendant 3 à 7 jours après la dernière prise. Les consultations médicales périodiques sont nécessaires à la poursuite de la prise du disulfirame (antabuse), qui fait partie du traitement de l'abstinence.

L'efficacité générale du disulfirame (antabuse) n'a pas été établie et beaucoup de patients ne s'y plient pas. L'observance du traitement nécessite habituellement un soutien social adéquat, comme le suivi de la consommation d'alcool. Pour ces raisons, l'utilisation du disulfirame (antabuse) est actuellement limitée. Le disulfirame (antabuse) est plus efficace lorsqu'il est administré sous surveillance étroite à des patients très motivés.

La naltrexone, un antagoniste des opiacés, diminue le taux de rechute et le nombre de jours de prise d'alcool chez la plupart des patients qui en consomment régulièrement. La naltrexone 50 mg par voie orale 1 fois/jour est généralement administré, bien qu'il soit prouvé que des doses plus élevées (p. ex., 100 mg 1 fois/jour) soient plus efficaces chez certains patients. Même avec le conseil, les taux d'observance du traitement par la naltrexone orale sont faibles. Une forme à longue durée d'action est également disponible: 380 mg IM 1 fois/mois. La naltrexone est contre-indiquée en cas d'hépatite aiguë ou d'insuffisance hépatique et de dépendance aux opiacés.

La clonidine, l'alpha-2-agoniste le plus ancien, administré par voie orale ou transdermique, s'est avéré efficace par voie orale pour réduire les symptômes du sevrage alcoolique, en particulier l'hypertension et la tachycardie, en cas de sevrage léger à modéré. Cependant, il existe des preuves selon lesquelles la clonidine est efficace en monothérapie pour prévenir les crises d'épilepsie ou le syndrome confusionnel.

L'acamprosate, un analogue synthétique de l'acide gamma-aminobutyrique, est administré en dose de 2 g par voie orale 1 fois/jour. L'acamprosate peut diminuer le taux de rechute et le nombre de jours de rechute du patient.

Le nalméfène, un antagoniste des opiacés, et le topiramate sont à l'étude pour leur capacité à réduire le besoin intense d'alcool.

Plus d'information

Les sources d'information suivantes en anglais peuvent être utiles. S'il vous plaît, notez que LE MANUEL n'est pas responsable du contenu de ces ressources.

  1. Al-Anon Family Groups: Support services for adults who abuse alcohol, adults who grew up with an alcoholic, and teens affected by someone else's problematic use of alcohol.

  2. Alcoholics Anonymous: International fellowship of people with a drinking problem that pioneered the 12-step approach to help its members overcome their addiction to alcohol and help others to do the same.

  3. American Psychiatric Association's Practice Guideline for the Pharmacological Treatment of Patients With Alcohol Use Disorder: Guidelines designed to improve the quality of care and treatment outcomes for patients with alcohol use disorder.

  4. LifeRing Secular Recovery: Support for people with drug and alcohol use problems by facilitating sharing of practical experiences and sobriety support as an alternative to traditional 12-step programs.

  5. National Institutes for Alcohol Abuse and Recovery: Recommendations for screening and brief intervention for alcohol use disorders in the primary care setting.

  6. Findtreatment.gov: Listing of licensed US providers of treatment for substance use disorders.

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