Reflux gastro-œsophagien (RGO)

ParKristle Lee Lynch, MD, Perelman School of Medicine at The University of Pennsylvania
Revue/Révision complète févr. 2024
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Les faits en bref

Dans le reflux gastro-œsophagien, le contenu de l’estomac, notamment l’acide et la bile, reflue de l’estomac vers l’œsophage, provoquant une inflammation de l’œsophage et une douleur dans la partie inférieure du thorax.

  • Le reflux a lieu lorsque le muscle circulaire qui empêche normalement le contenu de l’estomac de retourner dans l’œsophage (sphincter inférieur de l’œsophage) ne fonctionne pas correctement.

  • Le symptôme le plus caractéristique est la brûlure d’estomac (douleur brûlante derrière le sternum).

  • Le diagnostic repose sur les symptômes et parfois sur les analyses du pH de l’œsophage.

  • Le premier traitement consiste à éviter les substances qui déclenchent les symptômes (comme l’alcool et les aliments gras) et à prendre des médicaments qui réduisent l’acidité gastrique, mais si ces méthodes ne sont pas efficaces, une intervention chirurgicale peut être nécessaire.

L’œsophage est le tube creux qui relie la gorge (pharynx) à l’estomac. Le sphincter inférieur de l’œsophage est l’anneau musculaire maintenant l’extrémité inférieure de l’œsophage fermée afin que les aliments et l’acide gastrique ne remontent pas dans l’œsophage. Lorsque les personnes déglutissent, ce sphincter se relâche normalement pour laisser passer les aliments dans l’estomac. (Voir aussi Présentation de l’œsophage.)

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est fréquent. Il survient chez 10 à 20 % des adultes. Il survient aussi fréquemment chez les nourrissons, parfois dès la naissance.

La muqueuse de l’estomac est protégée des effets de son propre acide. Dans la mesure où l’œsophage est dénué d’une muqueuse aussi protectrice, l’acide gastrique et la bile qui refluent dans l’œsophage peuvent provoquer des symptômes et, dans certains cas, des lésions.

On peut observer un reflux d’acide et de bile dans l’œsophage lorsque le sphincter inférieur de l’œsophage ne fonctionne pas correctement. En position debout ou assise, la pesanteur empêche le reflux du contenu gastrique dans l’œsophage, ce qui explique que le reflux s’aggrave en position allongée. Le reflux survient plus rapidement après les repas, quand le volume et l’acidité du contenu gastrique sont plus élevés et que le sphincter est moins à même de fonctionner correctement. Facteurs contribuant au reflux

  • Prise de poids

  • Alimentation grasse

  • Boissons contenant de la caféine et boissons gazeuses

  • Alcool

  • Tabagisme

  • Certains médicaments

Parmi les types de médicaments qui interfèrent avec le fonctionnement du sphincter œsophagien inférieur figurent les médicaments ayant des effets anticholinergiques (comme de nombreux antihistaminiques et certains antidépresseurs), les inhibiteurs calciques, la progestérone et les nitrates. Une vidange tardive de l’estomac (par ex. due au diabète ou à l’utilisation d’opiacés) peut aggraver le reflux.

Symptômes du RGO

Les brûlures d’estomac (douleur de type brûlure derrière le sternum) constituent le symptôme le plus apparent de reflux gastro-œsophagien. Les brûlures d’estomac peuvent s’accompagner de régurgitations lorsque le contenu de l’estomac atteint la bouche. Si le contenu stomacal atteint la bouche, il peut parfois provoquer un mal de gorge, un enrouement, une toux ou une sensation de boule dans la gorge. Dans de rares cas, le contenu stomacal s’écoule dans les poumons, ce qui provoque une toux et/ou des éternuements. Les personnes qui souffrent de brûlures d’estomac depuis longtemps développent parfois des troubles de la déglutition (dysphagie).

Complications du reflux gastro-œsophagien

Une exposition prolongée de la partie inférieure de l’œsophage à un reflux répété peut provoquer

  • Une inflammation de l’œsophage (œsophagite)

  • Ulcères de l’œsophage (œsophagite érosive)

  • Un rétrécissement de l’œsophage (sténose œsophagienne)

  • Modifications des cellules tapissant l’œsophage (œsophage de Barrett)

  • Des cellules anormales de l’œsophage qui peuvent devenir cancéreuses (voir Cancer œsophagien)

Une inflammation de l’œsophage (œsophagite ou œsophagite érosive) provoque les symptômes typiques du reflux gastro-œsophagien, mais peut-être plus sévères. Elle peut aussi provoquer des douleurs à la déglutition (odynophagie)

Certaines personnes présentent des saignements généralement légers mais qui peuvent être abondants. Le sang peut être vomi ou peut progresser le long du tube digestif, provoquant la libération de selles noires, goudronneuses (méléna) ou de sang rouge vif, si l’hémorragie est importante. De légers saignements peuvent entraîner une anémie ferriprive s’ils se poursuivent pendant une période prolongée.

Œsophagite érosive causée par un reflux gastro-œsophagien
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Un reflux répété peut provoquer la formation d’ulcères (flèches) sur la surface interne de l’œsophage. Image fournie par la Dre Kristle Lynch.

Les ulcères œsophagiens sont des plaies ouvertes sur la muqueuse interne de l’œsophage, un type de perturbations de cette surface. Lors de la déglutition, ils peuvent provoquer une douleur thoracique derrière le sternum ou juste en dessous et dont le siège est le même que celui des brûlures d’estomac.

Le rétrécissement (sténose) de l’œsophage causé par le reflux rend la déglutition des aliments solides de plus en plus difficile.

Rétrécissement (constriction) de l’œsophage
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Le reflux peut entraîner un rétrécissement de l’œsophage. Cette photo montre des ulcères de la surface interne de l’œsophage (flèches) au-dessus d’un rétrécissement (sténose) de l’œsophage.
Image fournie par le Dr David M. Martin.

Une irritation prolongée entraîne des modifications des cellules de la muqueuse de l’œsophage, ce qui entraîne une maladie appelée œsophage de Barrett. Ces changements peuvent survenir sans symptômes. Les cellules altérées sont précancéreuses et peuvent parfois évoluer en cancer.

Œsophage de Barrett
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Un reflux d’acide gastrique répété peut provoquer des modifications des cellules de l’œsophage qui peuvent devenir précancéreuses. Dans cette image, les zones rouges illustrent des exemples de ces changements.
Image fournie par la Dre Kristle Lynch.

Diagnostic du RGO

  • Endoscopie avec biopsie

  • Parfois, test du pH

  • Parfois, manométrie

Lorsque les symptômes indiquent un diagnostic de RGO, le traitement peut être entrepris sans examens complémentaires. En général, les examens complémentaires sont réservés pour les cas dont le diagnostic est incertain, lorsque le traitement n’a pas permis de contrôler les symptômes ou que les symptômes sont présents depuis longtemps.

Lorsque des examens sont nécessaires, le premier consiste généralement à examiner l’œsophage à l’aide d’une sonde d’observation souple (endoscopie). L’endoscopie est le meilleur examen pour diagnostiquer l’œsophagite, l’œsophagite érosive, l’ulcère œsophagien, la sténose œsophagienne, le cancer de l’œsophage et l’œsophage de Barrett. Pendant l’endoscopie, les médecins peuvent prélever du tissu pour l’examiner au microscope (biopsie).

Si les résultats de l’endoscopie et de la biopsie sont normaux chez les personnes dont les symptômes sont très évocateurs d’un RGO, les médecins peuvent réaliser un test du pH œsophagien (le pH est une mesure de l’acidité, voir surveillance par sonde). Dans cet examen, une fine sonde souple avec un capteur à son extrémité est introduite par le nez dans l’œsophage inférieur. La sonde reste en place pendant 24 heures. L’autre extrémité de cette sonde est reliée à un enregistreur porté par le patient. La machine enregistre pendant 24 heures les taux d’acide dans l’œsophage. En plus de déterminer la quantité de reflux présente, ce test identifie les relations entre les symptômes et le reflux. Ce test est aussi utile pour les personnes qui présentent des symptômes atypiques du reflux. La pH-métrie œsophagienne est conseillée chez tous les patients pour lesquels une correction chirurgicale du reflux gastro-œsophagien est envisagée. Chez les personnes qui ne peuvent pas tolérer la présence d’une sonde nasale, on peut mesurer le pH à l’aide d’une petite capsule fixée à la partie inférieure de leur œsophage (voir surveillance sans fil).

La mesure de la pression au niveau du sphincter œsophagien inférieur à l’aide d’une méthode appelée manométrie indique si le sphincter fonctionne bien et fournit aussi des informations sur la force avec laquelle les muscles œsophagiens se contractent. Les informations obtenues par cet examen aident le médecin à prendre la décision éventuelle d’une intervention chirurgicale.

Traitement du RGO

  • Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ou parfois anti-histaminiques H2

  • Dilatation des zones sténosées

  • Fundoplicature

Les inhibiteurs de la pompe à protons, les plus puissants des médicaments utilisés pour réduire la production d’acide, sont en général les plus efficaces pour traiter le reflux gastro-œsophagien et pour l’œsophagite et l’œsophagite érosive dues à un reflux gastro-œsophagien. La guérison nécessite généralement la prise de médicaments pendant une période de 4 à 12 semaines. La prise de ces médicaments peut se poursuivre sur le long terme, mais si cela est nécessaire, les médecins essaient d’utiliser une dose plus faible.

Les antagonistes des récepteurs H2 de l’histamine (anti-H2) sont d’autres médicaments antiacides efficaces chez les personnes présentant des symptômes légers de RGO.

Les antiacides compétitifs du potassium sont d’autres médicaments qui bloquent la sécrétion acide. Ils sont disponibles dans certains pays, mais pas aux États-Unis.

Les médicaments qui stimulent le mouvement du contenu dans l’œsophage, l’estomac et les intestins (appelés médicaments prokinétiques, comme le métoclopramide) ne sont pas aussi efficaces que les inhibiteurs de la pompe à protons, mais ils peuvent être ajoutés à un traitement à base d’inhibiteur de la pompe à protons.

Le rétrécissement de l’œsophage est traité par une dilatation répétée de la zone rétrécie à l’aide de ballonnets ou tubes. Si la dilatation est efficace, la sténose n’entraîne pas de modifications significatives dans le passage des aliments.

La chirurgie est une possibilité de traitement du reflux gastro-œsophagien chez les personnes qui ne tolèrent pas les médicaments, qui ont de grandes quantités de reflux non acide, mais qui provoque des symptômes, ou chez les personnes présentant des ulcères, des saignements, des hernies volumineuses ou une œsophagite sévère. De plus, la chirurgie peut être privilégiée chez les patients qui souhaitent éviter des traitements médicaux prolongés sur plusieurs années. Une technique peu invasive réalisée avec un laparoscope (intervention appelée « fundoplicature ») peut être utilisée. Cependant, certaines personnes traitées par cette technique présentent des effets secondaires, en particulier des troubles de la déglutition et une sensation de ballonnements ou de gêne abdominale après les repas.

L’œsophage de Barrett disparaît rarement après l’utilisation d’un inhibiteur de la pompe à protons et reste généralement intact. Si les cellules deviennent précancéreuses, les options thérapeutiques possibles pendant l’endoscopie incluent les méthodes qui détruisent les tissus anormaux à l’aide d’ondes radio (ablation par radiofréquence), le froid extrême (cryothérapie) ou un faisceau laser (ablation par laser). Sinon, le tissu peut également être retiré par voie chirurgicale. Cependant, les cellules anormales peuvent subsister même après le soulagement des symptômes par le traitement. Par conséquent, il est recommandé aux patients atteints d’un œsophage de Barrett de faire l’objet d’une exploration endoscopique régulièrement pour s’assurer qu’il n’évolue pas vers un état cancéreux.

Prévention du RGO

Plusieurs techniques permettent de traiter le reflux gastro-œsophagien :

  • En relevant la tête du lit

  • Éviter les médicaments et les aliments à l’origine des symptômes ou qui stimulent la production d’acide

  • Ne pas manger 3 heures avant de se coucher

  • Perdre du poids

Le fait de relever la tête du lit d’environ 15 centimètres en plaçant des cales de 15 à 20 centimètres sous les pieds au niveau de la tête du lit, en utilisant un coussin ou en plaçant une cale sous le matelas peut empêcher l’acide de s’écouler dans l’œsophage pendant le sommeil.

Les médicaments qui provoquent des symptômes, ainsi que le tabagisme, doivent être évités.

Sont également à éviter la caféine, l’alcool, les aliments gras, le chocolat et les boissons acides comme le jus d’orange, les boissons à base de cola et les sauces vinaigrette, de même que d’autres substances qui stimulent fortement la production d’acide ou retardent la vidange gastrique. Les personnes doivent éviter de manger 3 heures avant d’aller se coucher.

Les personnes en surpoids et celles qui ont pris du poids récemment doivent perdre du poids.

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