Coronavirus et syndrome respiratoire aigu sévère (MERS et SARS)

ParSophie Katz, MD, MPH, Vanderbilt University Medical Center
Vérifié/Révisé mai 2024
Voir l’éducation des patients

Les coronavirus sont des virus à ARN enveloppés qui provoquent des maladies respiratoires de gravité variable, du rhume à la pneumonie fatale.

De nombreux coronavirus, découverts pour la première fois dans les volailles domestiques dans les années 30, provoquent des maladies respiratoires, gastro-intestinales, hépatiques et neurologiques chez les animaux.  

Quatre coronavirus (229E, OC43, NL63 et HKU1) provoquent le plus souvent des symptômes de rhume. Rarement, des infections graves des voies respiratoires inférieures, dont des bronchiolites, des pneumonies, peuvent survenir, principalement chez les nourrissons, les personnes âgées et les sujets immunodéprimés.

Trois coronavirus causent des infections respiratoires beaucoup plus graves et parfois mortelles chez l'homme que d'autres coronavirus et ont provoqué des épidémies majeures de pneumonie mortelle au 21e siècle:

  • Le SRAS-CoV-2 est la cause de la maladie à coronavirus en 2019 (COVID-19).

  • Le MERS-CoV a été identifié en 2012 comme la cause du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS [Middle East respiratory syndrome]).

  • Le SARS-CoV-1 a été identifié en 2003 comme la cause d'une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a débuté en Chine en 2002.

Ces coronavirus qui causent des infections respiratoires sévères sont des agents pathogènes zoonotiques, qui débutent chez les animaux infectés et sont transmis des animaux à l'homme. Le SARS-CoV-2 a une capacité de transmission interhumaine importante.

Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Middle East Respiratory Syndrome, MERS)

Une infection par MERS-CoV a été signalée pour la première fois en septembre 2012 en Arabie Saoudite (1), mais une épidémie d'avril 2012 en Jordanie a été confirmée rétrospectivement (2). Depuis 2022, dans le monde, plus de 2500 cas d'infection par le MERS-CoV (plus de 900 décès associés) ont été rapportés par 27 pays (3);tous les cas de MERS ont été reliés par des voyages ou des séjours dans des pays de la péninsule arabique ou à proximité, avec > 80% en Arabie Saoudite. La plus grande épidémie connue de MERS en dehors de la péninsule arabique s'est produite en République de Corée en 2015 (4). L'épidémie était liée à un voyageur qui revenait de la péninsule arabique. Des cas ont également été confirmés en Europe, d'Asie, Afrique du Nord, au Moyen-Orient et aux États-Unis chez des patients qui y ont été transférés pour des soins ou qui sont tombés malades à leur retour du Moyen-Orient. Seule une poignée de cas ont été signalés depuis 2019 (3).

L'Organisation mondiale de la santé considère que le risque de contracter une infection à MERS-CoV est très faible pour les personnes voyageant en Arabie Saoudite pour la Omra et le Hajj.

L'âge médian des patients atteints de MERS-CoV est d'environ 50 ans et les patients sont principalement des hommes. L'infection tend à être plus sévère chez les patients âgés et chez les patients présentant un trouble préexistant comme un diabète, un trouble cardiaque chronique ou un trouble rénal chronique.

Transmission de MERS-CoV

Le MERS-CoV peut être transmis par contact interhumain direct, par des gouttelettes respiratoires (particules > 5 microns) ou par des aérosols (particules < 5 microns).

On estime que le réservoir de MERS-CoV sont les dromadaires, mais le mécanisme de la transmission des chameaux à l'homme est inconnu. La plupart des cas signalés impliquaient une transmission directe interhumaine dans les établissements de soins. Si un MERS est suspecté chez un patient, des mesures de contrôle des infections doivent être mises en place rapidement pour prévenir la transmission dans les établissements de soins.

Références

  1. 1. Zaki AM, van Boheemen S, Bestebroer TM, Osterhaus AD, Fouchier RA: Isolation of a novel coronavirus from a man with pneumonia in Saudi Arabia [published correction appears in N Engl J Med. 2013 Jul 25;369(4):394]. N Engl J Med. 2012;367(19):1814-1820. doi:10.1056/NEJMoa1211721

  2. 2. Hijawi B, Abdallat M, Sayaydeh A, et al: Novel coronavirus infections in Jordan, April 2012: epidemiological findings from a retrospective investigation. East Mediterr Health J. 2013;19 Suppl 1:S12-S18.

  3. 3. World Health Organization Middle East respiratory syndrome: Global summary and assessment of risk. 16 Novembre 2022. Consulté en avril 2024.

  4. 4. Ki M: 2015 MERS outbreak in Korea: hospital-to-hospital transmission. Epidemiol Health. 2015;37:e2015033. Publié le 21 juillet 2015. doi:10.4178/epih/e2015033

Symptomatologie du MERS

La période d'incubation du MERS-CoV est d'environ 5 jours.

Initialement, la plupart des cas rapportés ont impliqué une maladie respiratoire sévère nécessitant une hospitalisation, avec un taux de mortalité d'environ 35%; cependant, environ 21% des patients avaient des symptômes bénins ou aucun symptôme (1). Entre 2019 et 2022, seuls 5% des cas signalés étaient asymptomatiques ou avaient une maladie modérée, mais cette diminution était probablement due à la réduction du nombre de tests et de la détection des cas en raison de la pandémie de COVID-19 en cours et non à un changement de virulence.

Fièvre, frissons, myalgies et toux sont fréquents. Les symptômes gastro-intestinaux (p. ex., diarrhées, vomissements, douleurs abdominales) surviennent chez environ 1/3 des patients. Les manifestations peuvent être suffisamment graves pour nécessiter un traitement en USI, mais, la proportion de ces cas a fortement diminué au cours du temps.

Référence pour la symptomatologie

  1. 1. World Health Organization Middle East respiratory syndrome: Global summary and assessment of risk. 16 Novembre 2022. Consulté en avril 2024.

Diagnostic du MERS

  • Tests par reverse transcriptase-PCR (RT-PCR) des sécrétions des voies respiratoires hautes et basses et du sérum

Un MERS doit être suspecté chez tout patient qui a présenté une infection fébrile aiguë inexpliquée des voies respiratoires inférieures et qui a présenté l'un des symptômes suivants dans les 14 jours suivant l'apparition des symptômes:

  • Voyage ou séjour dans une région où le MERS a récemment été signalé ou bien où la transmission pourrait avoir eu lieu

  • Contact avec un établissement sanitaire où le MERS a été transmis

  • Un contact étroit avec un patient chez qui on suspectait un MERS

Le MERS doit également être suspecté chez les patients qui ont eu un contact étroit avec un patient chez lequel le MERS est suspecté et qui ont de la fièvre, qu'ils présentent ou non des symptômes respiratoires.

Les recommandations sont disponibles auprès des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) (MERS: Information for Healthcare Professionals).

Les tests doivent comprendre une RT-PCR des sécrétions des voies respiratoires supérieures et inférieures en temps réel, idéalement prélevés à partir de sites et moments différents. Un prélèvement de sérum doit être effectué chez les patients et chez tous les contacts étroits, même asymptomatiques, y compris les soignants (pour identifier les MERS bénins ou asymptomatiques). Le sérum est obtenu immédiatement dès qu'un MERS est suspecté ou après exposition des contacts (phase aiguë) et de 3 à 4 semaines plus tard (phase de convalescence). Les tests sont effectués dans les services de santé de l'État ou du Centers for Disease Control and Prevention (CDC).

Chez tous les patients, l'imagerie thoracique détecte des anomalies, qui peuvent être subtiles ou extensives, unilatérales ou bilatérales. Chez certains patients, les taux de lactate déshydrogénase (LDH) et d'aspartate aminotransférase (ASAT) sont élevés et/ou les taux de plaquettes et de lymphocytes sont bas. Quelques patients ont des lésions rénales aiguës. Une coagulation intravasculaire disséminée et une hémolyse peuvent se développer.

Traitement du MERS

  • Traitement de support

Le traitement du MERS est un traitement de support. Pour prévenir la propagation par les cas suspects, le personnel soignant doit utiliser des précautions habituelles contre la transmission par contact et par l'air.

Il n'y a pas de vaccin.

Voir aussi World Health Organization: Clinical management of severe acute respiratory infection when Middle East respiratory syndrome coronavirus (MERS-CoV) infection is suspected. Interim guidance, Updated January 2019.

Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS ou SARS [Severe Acute Respiratory Syndrome])

Le SRAS/SARS est une infection grave à coronavirus avec un taux de létalité d'environ 15%, mais le taux de létalité est beaucoup plus élevé chez les personnes âgées (1). Le SRAS/SARS est une maladie semblable à la grippe, qui entraîne parfois une insuffisance respiratoire évolutive sévère.

Le SARS-CoV-1 a été observé pour la première fois en novembre 2002 dans la province chinoise du Guangdong et s'est ensuite propagé vers 28 pays supplémentaires (2). Dans cette épidémie, > 8000 cas ont été signalés dans le monde, avec 774 décès (environ 10% de mortalité, augmentés significativement avec l'âge, avec une mortalité > 50% chez les > 65 ans) (3, 4). L'épidémie de SARS-CoV-1 a été pour la première l'occasion pour le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) de déconseiller de se rendre dans une région. Cette épidémie a ralenti et aucun nouveau cas n'a été identifié depuis 2004. La source immédiate était présumée être des civettes, vendues comme aliments sur un marché d'animaux vivants et avaient probablement été infectées par contact avec une chauve-souris avant d'être capturées pour la vente. Les chauves-souris sont de fréquents hôtes de coronavirus.

Le SARS-CoV-1 est à transmission interhumaine par contact personnel rapproché. On estime que le virus se transmet le plus facilement par les gouttelettes respiratoires produites par un sujet infecté qui tousse ou éternue.

Le diagnostic du SRAS/SARS est clinique et le traitement est symptomatique. La coordination de pratiques rapides et rigides de contrôle des infections a permis de contrôler rapidement l'épidémie de 2002.

Bien qu'aucun nouveau cas n'ait été signalé depuis 2004, le SRAS/SARS ne doit pas être considéré comme éliminé car le virus en cause possède un réservoir animal à partir duquel il pourrait réapparaître.

Références pour le SRAS/SARS

  1. 1. World Health Organization: Consensus document on the epidemiology of severe acute respiratory syndrome (‎SARS)‎, 2003, WHO/CDS/CSR/GAR/2003.11

  2. 2. Cherry JD: The chronology of the 2002-2003 SARS mini pandemic. Paediatr Respir Rev. 2004;5(4):262-269. doi:10.1016/j.prrv.2004.07.009

  3. 3. CDC Morbidity and Mortality Weekly Report: Revised U.S. Surveillance Case Definition for Severe Acute Respiratory Syndrome (SARS) and Update on SARS Cases --- United States and Worldwide, 52(49);1202-1206, 2003

  4. 4. Peiris JS, Yuen KY, Osterhaus AD, et al: The severe acute respiratory syndrome. N Engl J Med 349(25):2431-41, 2003. doi: 10.1056/NEJMra032498. PMID: 14681510

quizzes_lightbulb_red
TESTEZ VOS CONNAISSANCESTake a Quiz!
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS