Kératoconjonctivite sèche

(sécheresse oculaire, kératite sèche)

ParVatinee Y. Bunya, MD, MSCE, Scheie Eye Institute at the University of Pennsylvania
Revue/Révision complète juill. 2024
AFFICHER LA VERSION PROFESSIONNELLE

La kératite sèche est la sécheresse de la conjonctive (membrane qui tapisse les paupières et recouvre le blanc de l’œil) et de la cornée (couche transparente qui se situe au-devant de l’iris et de la pupille).

  • Les larmes peuvent être insuffisantes ou s’évaporer trop rapidement.

  • Les yeux deviennent irrités et sensibles à la lumière, brûlent et démangent.

  • La production de larmes peut être mesurée en plaçant une bande de papier au coin des paupières.

  • Les larmes artificielles et parfois les bouchons méatiques (qui s’insèrent dans le point lacrymal, les petites ouvertures situées aux coins internes des paupières, près du nez) permettent de soulager les symptômes.

Causes de la kératoconjonctivite sèche

Il en existe deux principaux types (bien que de nombreux patients présentent des signes des deux types) :

  • Hyposécrétion lacrymale

  • Sécheresse oculaire par évaporation

La sécheresse oculaire peut être due à une production inadéquate de larmes (hyposécrétion lacrymale). Dans ce cas, les glandes lacrymales ne produisent pas suffisamment de larmes pour couvrir la totalité de la surface de la conjonctive et de la cornée. (Voir figure Structures de protection de l’œil.) C’est la cause la plus fréquente chez les femmes ménopausées. La sécheresse oculaire est courante dans le syndrome de Gougerot-Sjögren. Dans de rares cas, l’hyposécrétion lacrymale peut être un symptôme d’une maladie comme la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus érythémateux systémique (lupus). Certains médicaments peuvent contribuer à l’hyposécrétion lacrymale. Ceux-ci comprennent les diurétiques, les anticholinergiques, les antidépresseurs, les bêtabloquants, les antihistaminiques, et les décongestionnants.

Elle peut être due à une altération de la composition des larmes qui induit leur évaporation rapide (sécheresse oculaire par évaporation). Bien que les glandes lacrymales produisent une quantité suffisante de larmes, la vitesse d’évaporation est si rapide que la totalité de la conjonctive et de la cornée n’est pas recouverte d’une couche uniforme de larmes lors de certaines activités ou dans certains environnements. L’isotrétinoïne et les antiandrogènes (médicaments qui inhibent les hormones masculines) ne sont que quelques-uns des médicaments qui peuvent contribuer à ce type de sécheresse oculaire.

La sécheresse peut aussi venir du fait que les yeux se sont partiellement écartés durant la nuit (lagophtalmie nocturne) ou d’une fréquence insuffisante des clignements des yeux (comme cela arrive dans la maladie de Parkinson). Certains antipsychotiques, agonistes adrénergiques (certains antihypertenseurs) et injections de toxine botulinique peuvent tous aggraver la sécheresse oculaire due à une lagophtalmie nocturne.

Structures de protection de l’œil

Symptômes de la kératoconjonctivite sèche

Les symptômes de la sécheresse oculaire comprennent l’irritation, une brûlure, une sensation sableuse, une sensation de pression oculaire et de corps étranger. Parfois, une vision trouble intermittente est également présente. Les lésions à la surface de la cornée augmentent la gêne et la photophobie. Les symptômes sont aggravés par

  • Les activités qui diminuent la fréquence de clignement des yeux comme la lecture, le travail sur ordinateur, la conduite et regarder la télévision

  • Les milieux venteux, poussiéreux, exposés aux courants d’air, enfumés ou secs (en particulier dans les avions et les centres commerciaux), les lieux à faible humidité ambiante ou les lieux dans lesquels on utilise la climatisation (notamment en voiture), les ventilateurs ou le chauffage

  • La prise de certains médicaments, y compris l’isotrétinoïne et certains tranquillisants, diurétiques, antihypertensifs, contraceptifs oraux et antihistaminiques et d’autres médicaments avec effets anticholinergiques

Les symptômes diminuent par temps froid, pluvieux ou brumeux, et dans les milieux humides comme sous la douche.

Le clignement des yeux répand davantage de larmes à la surface de l’œil, réduisant ou prévenant la sécheresse et les symptômes. Des clignements fréquents sont souvent réalisés pour soulager la sécheresse.

Même dans les cas les plus sévères de sécheresse oculaire, la perte de la vision est rare. Cependant, les personnes affectées peuvent présenter une vision floue ou une irritation des yeux si sévère et prolongée que leurs activités sont perturbées. Chez certaines personnes présentant une sécheresse grave, la surface cornéenne peut s’épaissir ou des ulcérations et des cicatrices peuvent apparaître. Parfois, des vaisseaux sanguins peuvent envahir la cornée (néovascularisation). Les cicatrices et la néovascularisation peuvent affecter la vision.

Diagnostic de la kératoconjonctivite sèche

  • Test de Schirmer et test de rupture du film lacrymal

Les médecins diagnostiquent la sécheresse oculaire grâce aux symptômes et à l’aspect des yeux, et grâce à des examens. Les deux tests sont réalisés avant d’instiller des gouttes de tout type.

Le médecin utilise une lampe à fente (un instrument qui lui permet d’examiner l’œil avec un fort grossissement) pour examiner l’œil et déterminer si des lésions sont présentes. Pendant l’examen, le médecin peut instiller des gouttes ophtalmiques qui contiennent une teinture jaune-vert appelée fluorescéine. La fluorescéine colore temporairement les zones endommagées de la cornée, ce qui permet de visualiser ces zones, qui ne sont pas visibles normalement.

Le test de Schirmer (bandelette de papier buvard posée sur le bord de la paupière) permet de mesurer la quantité de larmes produites au cours des 5 minutes suivantes.

Il peut aussi évaluer le délai de dessèchement oculaire lorsque la personne regarde un point fixe (temps de rupture du film lacrymal).

Traitement de la kératoconjonctivite sèche

  • Larmes artificielles

  • Ciclosporine en collyre

  • Bouchon méatique

Les larmes artificielles appliquées par intervalles de quelques heures peuvent généralement contrôler le problème. Les larmes artificielles sont des collyres à base de substances qui stimulent les vraies larmes et aident à maintenir l’humidité de l’œil en le recouvrant. Les pommades lubrifiantes appliquées avant d’aller au lit durent plus longtemps que les larmes artificielles et aident à prévenir la sécheresse au lever. Ces pommades ne sont pas habituellement utilisées durant la journée parce qu’elles rendent la vision floue. Certains médecins recommandent une supplémentation en acides gras oméga 3 afin d’améliorer le film lacrymal, mais la plupart des données indiquent que ces compléments ne sont d’aucune utilité.

Les collyres qui contiennent de la ciclosporine peuvent diminuer l’inflammation associée à la sécheresse. Ces collyres picotent et leurs effets peuvent mettre des mois à apparaître. L’inflammation peut diminuer de façon significative, mais les collyres ne sont efficaces que chez certaines personnes. Éviter les milieux secs ou ventilés, la fumée et les humidificateurs d’air peut également être bénéfique.

Un ophtalmologiste (médecin spécialisé dans l’évaluation et le traitement, chirurgical ou non, des maladies des yeux) peut réaliser une intervention mineure à son cabinet pour soulager les personnes souffrant de sécheresse oculaire. Durant l’intervention, l’ophtalmologiste insère des bouchons dans les points lacrymaux (petits orifices situés au coin des paupières et près du nez) afin de couper l’écoulement de larmes à travers le canal nasolacrymal, pour éviter que des larmes ne coulent des yeux. De cette manière, plus de larmes sont disponibles pendant plus longtemps pour conserver l’humidité des yeux. En cas de sécheresse oculaire sévère, les paupières peuvent être partiellement cousues ensemble pour diminuer l’évaporation des larmes. Dans les cas graves, le canal lacrymal peut être fermé.

Un spray nasal spécial peut également être utilisé deux fois par jour pour stimuler la production de larmes.

En cas de blépharite, celle-ci est traitée à l’aide de compresses chaudes, de massages et de dispositifs chauffants, de gommage des paupières, et parfois d’antibiotiques oraux.

quizzes_lightbulb_red
TESTEZ VOS CONNAISSANCESTake a Quiz!
iOS ANDROID
iOS ANDROID
iOS ANDROID