L'appendicite est une inflammation aiguë de l'appendice vermiforme, causant généralement des douleurs abdominales, une anorexie et une sensibilité abdominale. Le diagnostic est clinique, souvent complété par une TDM ou une échographie. Le traitement consiste dans l'exérèse chirurgicale de l'appendice.
(Voir aussi Douleurs abdominales aiguës.)
Aux États-Unis, l'appendicite aiguë est la cause la plus fréquente de douleur abdominale aiguë nécessitant une intervention chirurgicale. Plus de 5% de la population développe une appendicite au cours de sa vie (1). Elle est le plus souvent observée chez les adolescents et entre 10 et 30 ans, mais peut survenir à tout âge.
D'autres maladies de l'appendice sont les carcinoïdes, le cancer, les adénomes villeux et les diverticules. L'appendice peut également être atteint par la maladie de Crohn ou une rectocolite ulcéro-hémorragique avec pancolite (maladie intestinale inflammatoire).
Référence générale
1. Addiss DG, Shaffer N, Fowler BS, Tauxe RV. The epidemiology of appendicitis and appendectomy in the United States. Am J Epidemiol 1990;132(5):910-925. doi:10.1093/oxfordjournals.aje.a115734
Étiologie de l'appendicite
L'appendicite est attribuée à l'obstruction de la lumière appendiculaire, généralement par une hyperplasie lymphoïde, mais parfois par une stercolithe, un corps étranger, une tumeur ou même des vers. L'obstruction entraîne une distension, une pullulation bactérienne, une ischémie et une inflammation. Non traitée, apparaissent une nécrose, une gangrène puis une perforation. Si la perforation est contenue par l'épiploon, un abcès appendiculaire se forme.
Symptomatologie de l'appendicite
Les symptômes classiques de l'appendicite aiguë sont
Douleur épigastrique ou périombilicale suivie de brèves nausées, de vomissements et d'une anorexie
Après quelques heures, la douleur se déplace vers la fosse iliaque droite. La douleur augmente avec la toux et les mouvements.
Les signes classiques de l'appendicite sont
Sensibilité de la fosse iliaque droite à la palpation et à la décompression, localisées au point de McBurney (situé à la jonction des tiers moyen et externe d'une ligne reliant l'épine iliaque antérosupérieure et l'ombilic)
Les signes supplémentaires d'appendicite sont la douleur ressentie dans la fosse iliaque droite à la palpation de la fosse iliaque gauche (signe de Rovsing), une majoration de la douleur lors de l'extension passive de la hanche droite, manœuvre étirant le muscle iliopsoas (psoïtis) ou une douleur provoquée par la rotation interne passive de la cuisse en flexion (signe de l'obturateur).
Une fébricule (température rectale de 37,7 à 38,3° C) est fréquente.
De nombreuses variantes de la symptomatologie de l'appendicite surviennent chez > 50% des patients. La douleur peut ne pas être localisée, particulièrement chez le nourrisson et chez l'enfant. La sensibilité abdominale peut être diffuse ou, dans de rares cas, absente. Les selles sont généralement moins fréquentes ou absentes; en cas de diarrhée, une appendicite rétrocaecale doit être suspectée. Des globules rouges et des globules blancs peuvent être présents dans l'urine.
Des symptômes atypiques sont fréquents chez les patients âgés et les femmes enceintes; en particulier, la douleur est moins sévère et la sensibilité locale moins marquée.
Diagnostic de l'appendicite
Bilan clinique
TDM abdominale si nécessaire
Échographie en alternative à la TDM
Lorsque la symptomatologie classique de l'appendicite est présente, le diagnostic d'appendicite est clinique. Chez ce patient, retarder la chirurgie de l'appendicite pour effectuer des examens d'imagerie n'apporte rien et augmente le risque de perforation et de complications ultérieures.
Devant des signes atypiques ou équivoques, une imagerie doit être réalisée en urgence. La TDM avec contraste a une bonne précision dans le diagnostic de l'appendicite (1) et peut également révéler d'autres causes d'abdomen aigu. L'échographie avec compression appendiculaire peut habituellement être obtenue plus rapidement que la TDM (particulièrement chez l'enfant); cependant elle est parfois gênée par la présence de gaz intestinal et est moins en mesure de reconnaître les causes de douleurs abdominales non dues à une appendicite.
L'appendicite reste avant tout un diagnostic clinique. L'utilisation sélective et judicieuse de l'imagerie peut réduire le taux de laparotomie négative (blanche).
La laparoscopie peut être utilisée pour le diagnostic ainsi que le traitement radical de l'appendicite; elle est particulièrement utile en cas de douleurs pelviennes d'étiologie non évidente.
Des examens biologiques montrent généralement une leucocytose (12 000 à 15 000/mcL [12,00 à 15,00 × 109/L]), mais ce signe est très variable; une numération normale des globules blancs ne permet pas d'exclure une appendicite.
Référence pour le diagnostic
1. Rud B, Vejborg TS, Rappeport ED, Reitsma JB, Wille-Jørgensen P. Computed tomography for diagnosis of acute appendicitis in adults. Cochrane Database Syst Rev. 2019;2019(11):CD009977. Publié le 2019 novembre 19. doi:10.1002/14651858.CD009977.pub2
Traitement de l'appendicite
Ablation chirurgicale de l'appendice
Liquides et antibiotiques IV
Le traitement de l'appendicite aiguë est une appendicectomie à ciel ouvert ou laparoscopique. Le retard de traitement augmentant la mortalité, un taux d'appendicectomie négative de 15% est considéré comme acceptable.
Le chirurgien peut habituellement enlever l'appendice même s'il est perforé. Parfois, l'appendice est difficile à localiser. Dans ce cas, il est habituellement situé en arrière du caecum, de l'iléon ou du mésocôlon droit.
Une contre-indication à l'appendicectomie est une maladie intestinale inflammatoire impliquant le caecum. Cependant, devant une iléite terminale avec caecum normal, l'appendice doit être retiré.
L'appendicectomie doit être précédée d'une antibiothérapie IV. Les céphalosporines de 3e génération sont préférées. En cas d'appendicite non compliquée, il n'est pas nécessaire de poursuivre l'antibiothérapie. Si l'appendice est perforé, les antibiotiques doivent être poursuivis pendant 4 jours (1). Si la chirurgie est impossible, les antibiotiques, bien que non curatifs, améliorent nettement la survie.
Bien que plusieurs études de prise en charge non opératoire de l'appendicite (utilisant uniquement des antibiotiques) aient montré des taux de résolution élevés au cours de l'hospitalisation initiale, un nombre significatif de patients ont eu une récidive et nécessité une appendicectomie au cours de l'année suivante (2). Une appendicectomie est donc toujours recommandée en particulier si un appendicolithe est visible à la TDM.
Lorsqu'une grosse masse inflammatoire englobe l'appendice, l'iléon terminal et le caecum, une résection en monobloc avec iléostomie et colostomie est préférable. Pour les cas vus tardivement, dans lesquels un abcès péricolique s'est déjà formé, l'abcès peut être drainé soit par ponction percutanée échoguidée soit par chirurgie à ciel ouvert (avec une indication d'appendicectomie à réaliser de façon différée).
Références pour le traitement
1. Sawyer RG, Claridge JA, Nathens AB, et al: Trial of short-course antimicrobial therapy for intraabdominal infection. N Engl J Med 372(21):1996–2005, 2015. doi: 10.1056/NEJMoa1411162
2. Poon SHT, Lee JWY, Ng KM, et al: The current management of acute uncomplicated appendicitis: Should there be a change in paradigm? A systematic review of the literatures and analysis of treatment performance. World J Emerg Surg 12:46, 2017. doi: 10.1186/s13017-017-0157-y
Pronostic de l'appendicite
Sans chirurgie ou antibiotiques, la mortalité de l'appendicite est élevée.
Avec un traitement chirurgical précoce, la mortalité est < 1% dans les régions à ressources élevées (1), et la récupération post-opératoire est normalement rapide et totale.
En cas de complication (rupture appendiculaire avec développement d'un abcès ou d'une péritonite) et/ou un âge avancé, le pronostic est moins favorable.
Référence pour le pronostic
1. Bhangu A, Søreide K, Di Saverio S, Assarsson JH, Drake FT. Acute appendicitis: modern understanding of pathogenesis, diagnosis, and management [published correction appears in Lancet. 2017 Oct 14;390(10104):1736. doi: 10.1016/S0140-6736(17)31502-7]. Lancet. 2015;386(10000):1278-1287. doi:10.1016/S0140-6736(15)00275-5
Points clés
Les patients présentant des symptômes et des signes classiques doivent subir une laparotomie au lieu d'examens d'imagerie.
Les patients présentant des signes non diagnostiques doivent bénéficier d'une imagerie par TDM ou, en particulier chez les enfants, d'une échographie.
Administrer une céphalosporine de 3e génération en pré-opératoire et, si l'annexe est perforée, continuer après l'opération.