L'amnésie est une incapacité partielle ou totale à se souvenir d'expériences passées ou une incapacité à stocker de nouveaux souvenirs après l'événement causal. Elle peut résulter de traumatismes crâniens, d'affections neurodégénératives, de troubles métaboliques, de troubles convulsifs ou psychologiques. Le diagnostic est clinique, mais souvent associé à des examens complémentaires neuropsychologiques et à une imagerie cérébrale (p. ex., TDM, IRM). Le traitement est dirigé contre la cause.
Le traitement des souvenirs comprend les éléments suivants:
Inscription (en prenant de nouvelles informations)
Encodage (formation d'associations, intégration dans le temps et implication d'autres processus nécessaires à la récupération)
Rappel
L'altération à chacune de ces étapes peut provoquer une amnésie. L'amnésie, par définition, résulte d'une altération des fonctions mnésiques et non d'une altération des autres fonctions (p. ex., l'attention, la motivation, le raisonnement, le langage), qui peuvent miner des symptômes similaires.
L'amnésie peut être classée comme suit:
Rétrograde: l'amnésie concernant les événements avant l'événement causal
Antérograde: l'incapacité à stocker de nouveaux souvenirs après l'événement causal
Spécifique à un seul sens: l'amnésie des événements liés à un sens, p. ex., mémoire visuelle
L'amnésie peut être
Transitoire (comme c'est le cas après un traumatisme cérébral)
Permanente, comme cela se produit dans les cas d'encéphalite, d'ischémie cérébrale diffuse ou d'arrêt cardiaque
Progressive (comme c'est le cas dans les démences dégénératives telles que la maladie d'Alzheimer)
Les déficits mnésiques impliquent plus fréquemment les faits (mémoire déclarative) et, moins, les capacités à faire les choses (mémoire procédurale).
Étiologie des amnésies
L'amnésie peut résulter d'un dysfonctionnement cérébral diffus, de lésions bilatérales ou multifocales atteignant les aires cérébrales impliquées dans le stockage mnésique.
Les voies prédominantes de la mémoire déclarative sont localisées dans la région médiale parahippocampique et de l'hippocampe, comme dans la partie inféromédiane des lobes temporaux, la surface orbitaire des lobes frontaux (prosencéphale) et le diencéphale (qui contient le thalamus et l'hypothalamus). Parmi ces structures, les suivantes sont essentielles:
Gyrus hippocampique
Hypothalamus
Noyaux du cerveau antérieur basal
Noyaux thalamiques dorsomédiaux
Le noyau amygdalien contribue à amplifier le contenu émotionnel des souvenirs. Le noyau thalamique antérieur et la formation réticulée du tronc cérébral stimulent la fixation des souvenirs. Les lésions bilatérales des noyaux du thalamus médio-dorsal altèrent sévèrement la mémoire récente et la capacité à élaborer de nouveaux souvenirs.
L'amnésie peut être provoquée par
Carence en thiamine (en provoquant l'encéphalopathie de Wernicke ou la psychose de Korsakoff) en cas d'alcoolisme chronique ou de sous-nutrition sévère
Anoxie cérébrale globale ou une ischémie
Occlusion embolique au sommet de l'artère basilaire provoquant une ischémie dans les lobes temporaux médiaux antérieurs
Démences dégénératives telles que la maladie d'Alzheimer
Diverses intoxications médicamenteuses (p. ex., l'inhalation chronique de solvant, l'amphotéricine B ou l'intoxication par le lithium)
Tumeurs hypothalamiques
Stress ou traumatisme psychologique
Le syndrome de Wernicke-Korsakoff est une forme d'amnésie qui associe l'encéphalopathie de Wernicke et la psychose de Korsakoff.
Les amnésies post-traumatiques affectant les périodes qui précèdent ou suivent immédiatement un traumatisme ou des traumatismes crâniens modérés ou graves semblent être dus aux régions temporales médiales. Les traumatismes modérés ou sévères peuvent toucher des régions plus étendues de stockage et de rappel mnésique, comme les troubles cérébraux diffus évoluant vers une démence.
Les troubles mnésiques psychologiques (comme en cas de l'amnésie dissociative) résultent d'un traumatisme psychologique ou d'un stress important.
La perte de mémoire liée à la sénescence (déficience de la mémoire liée à l'âge) correspond à la perte de mémoire qui se produit avec le vieillissement normal. Les sujets présentant une perte de mémoire bénigne liée à la sénescence développent progressivement des troubles mnésiques, souvent initialement pour les noms, puis pour les événements et plus rarement pour les lieux. Les tests cognitifs objectifs sont habituellement normaux ou indiquent un déficit minimal. La perte de mémoire bénigne liée à la sénescence n'a pas de lien prouvé avec la démence, malgré des similitudes frappantes.
La déficience cognitive légère amnestique (Amnestic MCI) peut être présente chez les sujets qui ont un problème de mémoire subjective, qui ont des problèmes aux tests de mémoire objective, mais qui ont par ailleurs une cognition intacte et des fonctions de la vie quotidienne normales. Les patients qui présentent un déficit cognitif léger amnésique sont plus à risque de développer la maladie d'Alzheimer que les personnes du même âge sans trouble de mémoire.
Diagnostic des amnésies
Tests neurologiques au lit du malade
Tests neuropsychologiques
Des tests simples au lit du malade (p. ex., rappel de 3 objets, localisation d'objets précédemment cachés dans la pièce) et des tests neuropsychologiques formels (p. ex., des tests d'apprentissage par liste de mots tels que le California Verbal Learning Test et le Buschke Selective Reminding Test) peuvent permettre d'identifier une perte de la mémoire verbale. L'évaluation de la mémoire non verbale est plus complexe et peut comprendre le souvenir de dessins visuels ou d'une série de sons.
Les signes cliniques suggèrent généralement des étiologies et impliquent d'effectuer tous les tests nécessaires.
Traitement des amnésies
Traitement dirigé contre la cause
Tout trouble ou cause psychologique de l'amnésie sous-jacents doivent être traités. Cependant, certains patients présentant un ictus amnésique vont s'améliorer spontanément. Certains troubles qui causent une amnésie (p. ex., la maladie d'Alzheimer, la psychose de Korsakoff, l'encéphalite herpétique) peuvent être traités; cependant, le traitement du trouble sous-jacent peut ou non améliorer l'amnésie.
Les médicaments cholinergiques (p. ex., le donépézil) peuvent améliorer légèrement et temporairement la mémoire chez certains patients atteints de la maladie d'Alzheimer; ces médicaments sont souvent aussi essayés quand une autre démence est en cause. Sinon, aucune mesure spécifique ne pourra accélérer la récupération ou améliorer le pronostic.
Points clés
Les amnésies ont diverses causes, dont les lésions cérébrales traumatiques, les démences dégénératives, les troubles métaboliques, les convulsions et les traumatismes ou les stress psychologiques.
Diagnostiquer l'amnésie cliniquement par des tests réalisés au lit du malade (p. ex., le rappel des 3 mots) ou par des tests formels (p. ex., tests d'apprentissage d'une liste de mots).
Traiter la cause de l'amnésie.