Obésité

ParShauna M. Levy, MD, MS, Tulane University School of Medicine;
Michelle Nessen, MD, Tulane University School of Medicine
Vérifié/Révisé nov. 2023
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L'obésité est une maladie chronique, multifactorielle, récidivante caractérisée par un excès de poids et définie par un indice de masse corporelle (IMC) ≥ 30 kg/m2. Les complications comprennent les pathologies cardiovasculaires (en particulier chez le sujet présentant un excès de graisse abdominale), un diabète sucré, certains cancers, une lithiase biliaire, une maladie hépatique stéatosique associée à un trouble métabolique, une cirrhose, une arthrose, des troubles de la reproduction chez l'homme et la femme, des troubles psychologiques et, pour le sujet dont l'indice de masse corporelle (IMC) est ≥ 35, un décès prématuré. Le diagnostic est basé sur l'indice de masse corporelle. Le traitement comprend la modification du mode de vie (p. ex., régime alimentaire, activité physique, comportement), les médicaments anti-obésité et la chirurgie bariatrique (perte de poids).

(Voir aussi Obésité chez les adolescents.)

L'incidence de l'obésité aux États-Unis est élevée dans tous les groupes d'âge (voir tableau Modifications de l'incidence de l'obésité selon la NHANES) et a presque doublé depuis le début de l'épidémie d'obésité à la fin des années 1970. En 2017-2018, 42,4% des adultes souffraient d'obésité: la prévalence était la plus élevée chez les hommes et les femmes âgés de 40 à 59 ans (1, 2). La prévalence était la plus faible chez les adultes asiatiques non hispaniques (17,4%) par rapport aux adultes noirs non hispaniques (49,6%), hispaniques (44,8%) et les blancs non hispaniques (42,2%). Il n'y avait pas de différences significatives de prévalence entre les hommes et les femmes chez les adultes non hispaniques blancs, non hispaniques asiatiques ou hispaniques; cependant, la prévalence chez les femmes noires non hispaniques (56,9%) était plus élevée que dans tous les autres groupes.

L'obésité et ses complications sont responsables aux États-Unis de plus de 300 000 décès prématurés chaque année, ce qui en fait la seconde cause de mortalité après le tabagisme. En outre, l'obésité est associée à un absentéisme plus important, à une perte de productivité et à des coûts de santé plus élevés. Le coût annuel des soins aux États-Unis liés à l'obésité est estimé à 150 milliards de dollars.

L'American Board of Obesity Medicine (ABOM) a été créé en 2011 pour former les médecins et normaliser les pratiques de prise en charge de l'obésité. Les diplomés ABOM proviennent de diverses spécialités, dont la médecine interne, la médecine familiale, la pédiatrie, la chirurgie, l'obstétrique et la gynécologie. Les diplômés partagent comme objectif de fournir des soins compassionnels, individualisés et fondés sur des preuves et d'améliorer la santé globale de la population. L'ABOM insiste sur le fait que l'obésité doit être considérée comme une maladie chronique qui nécessite un traitement et un suivi à vie.

Tableau
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Références

  1. 1. Hales CM, Carroll MD, Fryar CD, et al: Prevalence of obesity and severe obesity among adults: United States, 2017–2018. NCHS Data Brief, no 360. Hyattsville, MD: National Center for Health Statistics, 2020.

  2. 2. The State of Obesity 2022. Trust for America's Health, 2022. Consulté le 30/10/23.

Étiologie de l'obésité

Les causes de l'obésité sont multifactorielles et comprennent une prédisposition génétique et des influences comportementales, métaboliques et hormonales. Au final, l'obésité est causée par un déséquilibre de longue date entre l'apport énergétique et l'utilisation d'énergie, notamment les dépenses d'énergie pour les besoins métaboliques de base et les dépenses d'énergie liées à l'activité physique. Cependant, de nombreux autres facteurs semblent augmenter la prédisposition à l'obésité, dont les perturbateurs endocriniens (p. ex., bisphénol A [BPA]), le microbiome intestinal, les cycles veille/sommeil et des facteurs environnementaux.

Facteurs génétiques

L'héritabilité de l'IMC est élevée dans différents groupes d'âge, allant de 40 à 60% (1, 2). À quelques exceptions près, l'obésité ne suit pas un modèle mendélien d'hérédité mais est plutôt une interaction complexe de plusieurs loci. Les facteurs génétiques peuvent affecter différentes molécules et récepteurs des voies de signalisation notamment hypothalamiques et digestives, impliquées dans la prise alimentaire (voir encadré Contrôle des apports). Les études du génome ont permis de définir les voies de signalisation impliquées dans la prédisposition à l'obésité. Les différences d'expression des molécules de signalisation de la voie de la leptine-mélanocortine (p. ex., le récepteur de la mélanocortrine-4) ont été particulièrement associées au contrôle central de l'appétit. Les facteurs génétiques peuvent être héréditaires ou résulter de pathologies in utero (appelés empreinte génétique [genetic imprinting]). Les conditions environnementales telles que la nutrition, les habitudes de sommeil et la consommation d'alcool modifient épigénétiquement l'expression des gènes dans diverses voies métaboliques; cet effet suggère une réversibilité possible des facteurs environnementaux et un affinement des cibles thérapeutiques.

Contrôle des apports

Des signaux pré- et post-absorptifs issus du tractus gastro-intestinal et des modifications de concentrations plasmatiques en nutriments interviennent à court et long terme par des mécanismes de rétroaction pour contrôler la consommation alimentaire:

  • Les hormones gastro-intestinales (p. ex., glucagon-like peptide 1 [GLP-1], cholécystokinine [CCK], peptide YY [PYY]) réduisent les apports alimentaires.

  • La ghréline, principalement sécrétée par l'estomac, augmente la prise alimentaire.

  • La leptine, sécrétée par les tissus adipeux, informe le cerveau de l'état des réserves de graisse. La leptine supprime l'appétit chez la personne de poids normal, mais plus la masse grasse est importante plus les taux de leptine sont élevés. Les taux de leptine peuvent diminuer en cas de perte de poids puis envoyer un signal de faim au cerveau.

L'hypothalamus intègre différents signaux impliqués dans la régulation de l'équilibre énergétique et active alors des voies qui augmentent ou diminuent les apports et les dépenses énergétiques:

  • Le neuropeptide Y (NPY), l'agouti-related peptide (ARP), alpha-melanocyte-stimulating hormone (hormone stimulatrice des mélanocytes) (alpha-MSH), le cocain and amphetamine-related peptide (CART), l'orexine, et la melanin concentrating hormone (MCH) stimulent la prise alimentaire.

  • La corticotropic hormone (CRH) et l'urocortine l'inhibent.

Le système limbique (amygdale, hippocampe et cortex préfrontal) assure la médiation de la voie hédoniste pour la prise alimentaire, y compris les fringales, les habitudes et la récompense. Le désir de manger peut dépasser les voies homéostatiques, car il a été démontré que les émotions et le stress affectaient les peptides régulateurs tels que la ghréline. Ces effets sont médiés par la dopamine.

Des facteurs génétiques régulent également la dépense énergétique, dont le métabolisme basal, la thermogenèse induite par l'alimentation et celle associée à l'activité involontaire. Les facteurs génétiques pourraient jouer un rôle plus important sur la répartition des graisses, en particulier de la graisse abdominale (qui augmente le risque de syndrome métabolique), que sur le niveau de la masse graisseuse totale.

Facteurs de mode de vie et comportementaux

On prend du poids lorsque l'apport calorique dépasse les besoins énergétiques. Les déterminants importants des apports énergétiques sont

  • La taille des portions

  • La densité d'énergie de la nourriture

Les déterminants systémiques du mode de vie et les facteurs comportementaux sont enracinés dans la culture et les systèmes économiques des communautés. Les communautés qui n'ont pas accès aux fruits et aux légumes frais et qui ne boivent pas d'eau comme principal liquide consommé tendent à avoir des taux d'obésité plus élevés. Les aliments riches en calories, denses en énergie (p. ex., les aliments transformés), les régimes riches en glucides raffinés et la consommation de sodas, de jus de fruits et d'alcool favorisent la prise de poids.

L'accès à des espaces de loisirs sûrs (p. ex., infrastructures pour les piétons et les cyclistes, parcs) et la disponibilité de transports publics peuvent encourager l'activité physique et aider à protéger contre l'obésité.

Autres facteurs régulateurs

L'obésité maternelle prénatale, le tabagisme maternel prénatal, une prise de poids excessive pendant la grossesse (voir tableau Lignes directrices pour la prise de poids pendant la grossesse) et la restriction de croissance intra-utérine peuvent perturber la régulation du poids et contribuer à la prise de poids pendant l'enfance et plus tard. Une persistance de l'obésité au-delà de la petite enfance rend la perte de poids ultérieure plus difficile.

La composition du microbiome intestinal semble également être un facteur important; l'utilisation précoce d'antibiotiques et d'autres facteurs qui modifient la composition du microbiome intestinal peuvent favoriser une prise de poids et une obésité plus tard dans la vie (3).

L'exposition précoce aux obésogènes, un type de produit chimique perturbant le système endocrinien (p. ex., fumée de cigarette, bisphénol A, pollution de l'air, retardateurs de flamme, phtalates, biphényles polychlorés, etc.) peut modifier les points de consigne métaboliques par l'épigénétique ou l'activation nucléaire, augmentant ainsi le risque de développement de l'obésité (4).

Les événements indésirables de l'enfance ou les abus au cours de la petite enfance augmentent le risque de plusieurs troubles, dont l'obésité. L'étude du Centers for Disease Control and Prevention sur les événements indésirables au cours de l'enfance a démontré que les antécédents de maltraitance verbale, physique ou sexuelle au cours de l'enfance prédisaient une augmentation de 8% du risque d'indice de masse corporelle ≥ 30 et de 17,3% d'indice de masse corporelle ≥ 40. Certains types d'abus présentaient le risque le plus élevé. Par exemple, l'abus verbal fréquent a été mis en relation avec la plus grande augmentation du risque (88%) pour un indice de masse corporelle > 40. Le fait d'être souvent frappé et blessé augmente le risque d'indice de masse corporelle > 30 de 71% (5). Les mécanismes cités pour l'association entre l'abus et l'obésité comprennent des phénomènes neurobiologiques et épigénétiques (6).

Le manque de sommeil (généralement < 6 à 8 h/nuit) peut entraîner une prise de poids en changeant les taux d'hormones de satiété qui favorisent la faim. Dans le Wisconsin Sleep Cohort Study sur 1024 adultes en bonne santé, une diminution du sommeil était proportionnelle à une augmentation de l'IMC. Chez l'adulte, l'IMC augmentait de 3,6% lorsque le temps de sommeil moyen passait de 8 heures à 5 heures (7)

Le sevrage tabagique est associé à une prise de poids et peut dissuader les patients d'arrêter de fumer.

Certains médicaments, dont les corticostéroïdes, le lithium, les antidépresseurs traditionnels (tricycliques, tétracycliques, inhibiteurs de la monoamine oxydase [IMAO]), les benzodiazépines, anticonvulsivants, thiazolidinediones, bêta-bloqueurs, et les médicaments antipsychotiques, peuvent induire une prise de poids.

Plus rarement, la prise de poids peut être provoquée par l'une des maladies suivantes:

  • Altérations des structures et des fonctions cérébrales dues à une tumeurs (en particulier le craniopharyngiome), ou infectieuses (qui touchent en particulier l'hypothalamus), ce qui peut stimuler la consommation de calories excédentaires

  • Un hyperinsulinisme dû à des tumeurs du pancréas

  • Un hypercortisolisme dû au syndrome de Cushing qui entraîne une obésité essentiellement abdominale

  • Une hypothyroïdie (rarement cause de prise de poids substantiel)

  • Hypogonadisme

Troubles du comportement alimentaire

L'obésité est associée à 2 principaux troubles du comportement alimentaire:

  • L'hyperphagie boulimique correspond à la consommation impulsive de grandes quantités d'aliments avec un sentiment subjectif de perte de contrôle pendant l'épisode et à une culpabilité au décours de l'épisode. Ce trouble ne comporte pas de comportements compensatoires, tels que les vomissements. L'hyperphagie boulimique se produit chez environ 3,5% des femmes et 2% des hommes au cours de leur vie et chez environ 10 à 20% des sujets qui participent à des programmes de perte de poids. L'obésité associée à ces désordres peut être importante souvent caractérisée par des fluctuations pondérales et des difficultés psychologiques.

  • Le syndrome de polyphagie nocturne comprend une anorexie matinale, une hyperphagie le soir et une insomnie, avec le fait de manger au milieu de la nuit. Dans cette situation, plus de 25 à 50% de la prise alimentaire quotidienne ont lieu après le repas du soir. Environ 10% des personnes qui consultent pour traitement d'une obésité sévère présentent ce trouble aux États-Unis. Dans quelques cas, ce trouble alimentaire peut être favorisé par la prise d'hypnotiques tels que le zolpidem.

D'autres troubles du comportement alimentaires, proches mais moins marqués contribuent probablement à une prise de poids chez un plus grand nombre de sujets. Par exemple, s'alimenter après le repas du soir contribue à une prise de poids excessive chez nombre de personnes qui n'ont pas de syndrome d'alimentation nocturne.

Références pour l'étiologie

  1. 1. Mahmoud AM: An overview of epigenetics in obesity: The role of lifestyle and therapeutic interventions. Int J Mol Sci 23 (3):1341. 2022. doi: 10.3390/ijms23031341

  2. 2. Nan C, Guo B, Claire Warner C, et al: Heritability of body mass index in pre-adolescence, young adulthood and late adulthood. Eur J Epidemiol 27 (4):247–253, 2012. doi: 10.1007/s10654-012-9678-6 Epub 2012 Mar 18.

  3. 3. Ajslev TA, Andersen CS, Gamborg M, et al: Childhood overweight after establishment of the gut microbiota: The role of delivery mode, pre-pregnancy weight and early administration of antibiotics. Int J Obes 35 (4): 522–529, 2011. doi: 10.1038/ijo.2011.27

  4. 4. Heindel JJ, Newbold R, Schug TT: Endocrine disruptors and obesity. Nat Rev Endocrinol 11 (11):653–661, 2015. doi: 10.1038/nrendo.2015.163

  5. 5. Williamson DF, Thompson TJ, Anda RF, et al: Body weight and obesity in adults and self-reported abuse in childhood. Int J Obes Relat Metab Disord  26 (8):1075–1082, 2002. doi: 10.1038/sj.ijo.0802038

  6. 6. Anda RF, Felitti VJ, Bremner JD, et al: The enduring effects of abuse and related adverse experiences in childhood. A convergence of evidence from neurobiology and epidemiology. Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci 256 (3):174–186, 2006. doi: 10.1007/s00406-005-0624-4

  7. 7. Taheri S, Lin L, Austin D, et al: Short sleep duration is associated with reduced leptin, elevated ghrelin, and increased body mass index. PLoS Med 1 (3):e62, 2004. doi: 10.1371/journal.pmed.0010062 Epub 2004 Dec 7.

Complications de l'obésité

Les complications de l'obésité peuvent affecter presque tous les systèmes d'organes; elles comprennent les éléments suivants:

Le tissu adipeux est un organe endocrinien actif qui sécrète des adipokines et des acides gras libres qui augmentent l'inflammation systémique, entraînant des pathologies telles que la résistance à l'insuline, l'athérosclérose et une altération de l'immunité.

La pathogénie de l'hypertension liée à l'obésité est largement médiée par l'activation du système rénine-angiotensine-aldostérone via la leptine et l'angiotensine directement libérées par les adipocytes viscéraux. L'augmentation de l'activité du système nerveux sympathique augmente la vasoconstriction.

Une résistance à l'insuline, une dyslipidémie et une HTA (syndrome métabolique) peuvent se développer, prédisposant souvent à terme au diabète sucré et à la coronaropathie. Ces complications sont plus fréquentes en cas d'adiposité abdominale (graisse viscérale), de niveau élevé de triglycérides, d'antécédents familiaux de diabète de type 2 ou de maladie cardiovasculaire prématurée ou d'association de ces facteurs de risque.

Une apnée obstructive du sommeil peut se produire en cas d'excès de graisse au niveau du cou comprimant les voies respiratoires pendant le sommeil. L'apnée se manifeste par des pauses respiratoires répétitives durant le sommeil. Ce trouble, souvent non diagnostiqué, peut provoquer de forts ronflements et une somnolence excessive pendant la journée et augmenter le risque d'hypertension, d'arythmies cardiaques et de syndrome métabolique.

L'obésité peut entraîner un syndrome obésité-hypoventilation (" syndrome de Pickwick "). Les difficultés respiratoires induisent une hypercapnie, une diminution de la sensibilité des centres respiratoires au dioxyde de carbone, une hypoxie, un cœur pulmonaire et un risque de décès prématuré. Ce syndrome peut survenir seul ou conséquence d'une apnée obstructive du sommeil.

Les dermatoses sont fréquentes; la sueur et les sécrétions cutanées retenues dans les épais replis favorisent les développements bactériens et mycosiques, fréquemment responsables d'infections (intertrigo).

Le surpoids prédispose probablement à la goutte, à la thrombose veineuse profonde, à l'embolie pulmonaire.

L'obésité peut être génératrice de problèmes sociaux, économiques et psychologiques, du fait de préjugés, de discrimination et stigmatisation et d'une mauvaise image de soi. Par exemple, les personnes obèses rencontrent des difficultés d'embauche et de salaire.

Diagnostic de l'obésité

  • Indice de masse corporelle (IMC)

  • Tour de taille

  • L'analyse de la composition corporelle

Chez l'adulte, l'indice de masse corporelle (IMC) se calcule par le rapport du poids (kg) divisé par le carré de la hauteur (m2) et est utilisé pour dépister le surpoids ou l'obésité:

  • Surpoids = 25 à 29,9 kg/m2

  • Obésité de classe I = 30 à 34,9 kg/m2

  • Obésité de classe II = 35 à 39,9 kg/m2

  • Obésité de classe II = ≥ 40 kg/m2

L'IMC est un outil couramment utilisé qui peut être facilement calculé et est corrélé avec la maladie métabolique et la masse grasse dans les études de population humaine. L'indice de masse corporelle (IMC) est un outil de dépistage assez grossier qui a des limites particulièrement dans certaines populations. Il tend à surdiagnostiquer l'obésité et le surpoids chez les patients musclés et à la sous-diagnostiquer chez les patients qui ont une sarcopénie. Certains experts pensent que les seuils d'indice de masse corporelle (IMC) doivent être fonction de l'origine ethnique, du sexe et de l'âge. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'International Diabetes Federation suggèrent des seuils plus bas pour les personnes d'origine asiatique que pour celles d'autres ethnies (1).

Le tour de taille et le syndrome métabolique semblent mieux prédire le risque de complications métaboliques et cardiovasculaires que l'indice de masse corporelle (IMC) (2). La relation entre tour de taille et le risque de complications dues à l'obésité varie selon le groupe ethnique et le sexe (3).

Analyse de la composition corporelle

La composition corporelle, le pourcentage de masse grasse et de masse non grasse, donne une définition plus précise de l'excès de graisse, donc d'obésité. Bien que probablement inutile, en pratique clinique de routine, l'analyse de composition corporelle peut être utile pour déterminer si une élévation de l'indice de masse corporelle (IMC) est due à un excès de graisse ou de masse musculaire.

Les hommes sont considérés avoir une obésité lorsque les taux de graisse corporelle sont > 25%. Chez la femme, le seuil est > 32%.

Le pourcentage de graisse corporelle peut être estimé en mesurant l'épaisseur du pli cutané (habituellement au-dessus du triceps) et de la surface musculaire médiobrachiale.

L'impédancemétrie bioélectrique permet d'estimer le pourcentage de la masse graisseuse, simplement et de manière non invasive. L'analyse d'impédance bioélectrique estime directement le pourcentage de la quantité totale d'eau corporelle; le calcul du pourcentage de graisse corporelle en est dérivé indirectement. L'impédancemétrie bioélectrique est plus fiable chez les personnes en bonne santé ou qui présentent un nombre limité de pathologies chroniques pouvant modifier l'hydratation (p. ex., obésité modérée, diabète sucré). On ne sait pas si l'analyse de l'impédance bioélectrique peut entraîner un risque chez les porteurs de défibrillateurs implantés.

La pesée (hydrostatique) est la méthode la plus précise pour mesurer le pourcentage de la masse graisseuse. Coûteuse et longue, elle est plus souvent utilisée pour la recherche que pour le diagnostic clinique. Pour être pesé avec précision, le patient doit être en immersion et en expiration profonde.

Les techniques d'imagerie, dont la TDM, l'IRM et l'absorptiométrie biphotonique par rayons X (DXA), plus accessible, peuvent également estimer le pourcentage et la distribution de masse graisseuse mais elles ne sont généralement utilisées que pour la recherche.

Autres examens

Dépister chez les patients obèses les troubles concomitants fréquents, tels que l'apnée obstructive du sommeil, le diabète, la dyslipidémie, l'hypertension, la maladie hépatique stéatosique et la dépression. Les outils de dépistage peuvent être utiles; p. ex., dans l'apnée du sommeil obstructive on peut utiliser un instrument tel que le questionnaire STOP-BANG (voir tableau Score STOP-BANG de risque de l'apnée obstructive du sommeil) et souvent l'index d'apnée-hypopnée (nombre total d'épisodes d'apnée ou d'hypopnée se produisant par heure de sommeil). L'apnée obstructive du sommeil est souvent sous diagnostiquée, et l'obésité en augmente le risque.

Références pour le diagnostic

  1. 1. WHO Expert Consultation: Appropriate body-mass index for Asian populations and its implications for policy and intervention strategies. Lancet. 363 (9403):157–163, 2004. doi: 10.1016/S0140-6736(03)15268-3 Erratum in Lancet 363 (9412):902, 2004.

  2. 3. Ross R, Neeland IJ, Yamashita S, et al: Waist circumference as a vital sign in clinical practice: A Consensus Statement from the IAS [International Atherosclerosis Society] and ICCR [International Chair on Cardiometabolic Risk] Working Group on Visceral Obesity. Nat Rev Endocrinol16 (3):177–189, 2020. doi: 10.1038/s41574-019-0310-7 Epub 2020 Feb 4.

  3. 3. Luo J,  Hendryx M, Laddu D, et al: Racial and ethnic differences in anthropometric measures as risk factors for diabetes. Diabetes Care 2019 42 (1):126–133. 2019. doi: 10.2337/dc18-1413 Epub 2018 Oct 23.

Traitement de l'obésité

  • Prise en charge nutritionnelle

  • Activité physique

  • Prise en charge comportementale

  • Médicaments anti-obésité

  • Chirurgie bariatrique

La perte même de 5 à 10% du poids améliore l'état de santé général, contribue à réduire le risque de développer des complications cardiovasculaires (p. ex., hypertension, dyslipidémie, résistance à l'insuline), diminue leur gravité (1), et peut réduire la gravité d'autres complications et troubles concomitants tels que l'apnée obstructive du sommeil, la maladie stéatosique hépatique, l'infertilité et la dépression.

Les résultats thérapeutiques dépendent fortement du soutien des professionnels de santé, des proches et des membres de la famille. Les programmes de suivi structurés améliorent les résultats. Mettre l'accent sur l'obésité en tant que trouble chronique, plutôt que comme un problème esthétique causé par le manque de maîtrise de soi, permet aux patients de rechercher des soins durables et aux médecins de fournir de tels soins. Utiliser des expressions telles que "personnes atteintes d'obésité" plutôt que "personnes obèses", permet d'éviter de classer les patients par leur maladie et de combattre la stigmatisation.

Régime

Une alimentation équilibrée est importante pour la perte de poids et son maintien.

Les stratégies comprennent les actions suivantes

  • Manger de petits repas en évitant ou en choisissant soigneusement les collations

  • Remplacer par des fruits et légumes frais et des salades les glucides raffinés et les aliments transformés

  • Remplacer par de l'eau, les boissons sucrées ou les jus de fruit

  • Limiter la consommation d'alcool à des taux modérés

  • Inclure des produits laitiers sans matière grasse ou allégés qui font partie d'une alimentation saine et contribuent à fournir une quantité suffisante de vitamine D

Les régimes hypocaloriques et riches en fibres qui limitent modestement les calories (de 600 kcal/jour) et qui incorporent des protéines maigres semblent donner les meilleurs résultats à long terme. Les aliments à faible indice glycémique (voir tableau Indice glycémique de certains aliments) et les huiles de poissons marins ou acides gras mono-insaturées d'origine végétale (p. ex., huile d'olive) réduisent le risque de pathologies cardiovasculaires et de diabète.

Les substituts de repas permettent de perdre du poids et de le stabiliser; ces produits peuvent être utilisés en continu ou par intermittence.

Les régimes qui sont trop restrictifs sont peu susceptibles d'être suivis ou de provoquer une perte de poids durable. Les régimes qui limitent l'apport calorique à < 50% de la dépense énergétique de base, dits régimes très hypocaloriques, peuvent ne comprendre que 800 kcal/jour.

La dépense énergétique et les taux métaboliques varient selon le régime et l'activité. Les régimes restrictifs peuvent entraîner une perte de poids modeste à court terme; cependant, les taux d'hormones telles que la leptine, l'insuline, le polypeptide inhibiteur gastrique et la ghréline se modifient pour favoriser la reprise de poids. Dans une analyse à long terme des régimes hypocaloriques, entre 1/3 et 2/3 des personnes soumises à un régime ont repris plus de poids qu'elles n'en avaient perdu initialement (2).

Activité physique

L'exercice physique augmente la dépense énergétique, le métabolisme basal et la thermogenèse induite par le repas. L'activité physique semble également réguler l'appétit vers des consommations caloriques plus appropriées aux besoins. D'autres avantages associés à l'activité physique comprennent les suivants

  • Augmentation de sensibilité à l'insuline

  • Amélioration du profil lipidique

  • Réduction de la pression artérielle

  • Augmentation de la capacité aérobie

  • Bien-être psychologique

  • Risque de cancer du sein et du côlon diminué

  • Espérance de vie accrue

Les exercices, y compris d'endurance (résistance), augmentent la masse musculaire. Le tissu musculaire brûle plus de calories au repos que le tissu adipeux, l'augmentation de la masse musculaire entraîne donc des augmentations durables du métabolisme basal. Des exercices intéressants et agréables sont plus susceptibles d'être pratiqués de façon soutenue. Une association d'exercices d'aérobie et de résistance est préférable à ces exercices pratiqués seuls. Les lignes directrices suggèrent une activité physique de 150 min/semaine pour obtenir un bénéfice en termes de santé et 300 à 360 min/semaine pour obtenir une perte de poids et son maintien. Développer un mode de vie physiquement plus actif peut permettre de perdre du poids et son maintien.

Prise en charge comportementale

On peut recommander des interventions comportementales pour aider les patients à perdre du poids (3). Elles comprennent

  • Soutien

  • Auto-surveillance

  • Prise en charge du stress

  • Gestion des urgences

  • Résolution de problème

  • Contrôle du stimulus

Le soutien peut être apporté par un groupe, des amis, ou des membres de la famille. La participation à un groupe de soutien peut améliorer la compliance à des changements de style de vie et accroître ainsi la perte de poids. Plus les sujets assistent aux réunions de groupe, plus le soutien, la motivation et la supervision qu'ils reçoivent est importante, meilleure est leur responsabilisation, ce qui entraîne une perte de poids plus importante. Les patients peuvent obtenir un soutien par les médias sociaux qui leur permet de communiquer entre eux et avec les médecins.

L'auto-surveillance peut comprendre la tenue d'un journal alimentaire (comprenant le nombre de calories des aliments), des pesées régulières, et observer et enregistrer des modèles de comportement. D'autres informations utiles comprennent l'heure et le lieu de la consommation des aliments, la présence ou l'absence d'autres sujets, et l'humeur. Le médecin peut fournir un feedback sur la façon dont les patients peuvent améliorer leurs habitudes alimentaires.

La gestion du stress consiste à enseigner aux patients à identifier les situations stressantes et à élaborer des stratégies pour gérer le stress qui ne comportent pas de prise alimentaire (p. ex., faire une promenade, méditer, respirer profondément).

La gestion des contingences implique d'apporter des récompenses tangibles pour les comportements positifs (p. ex., pour avoir augmenté le temps passé à marcher ou réduit la consommation de certains aliments). Les récompenses peuvent être administrées par d'autres sujets (p. ex., des membres d'un groupe de soutien ou un soignant) ou par le sujet (p. ex., achat de nouveaux vêtements ou billets pour un concert). Des félicitations verbales peuvent aussi être utiles.

La résolution de problème consiste à identifier et à planifier à l'avance les situations qui augmentent le risque de mauvaise alimentation (p. ex., voyages, sortir dîner) ou qui réduisent la possibilité d'activité physique (p. ex., la conduite à travers le pays).

Le contrôle du stimulus consiste à identifier les obstacles à une saine alimentation et à une vie active et à élaborer des stratégies pour les surmonter. Par exemple, les sujets peuvent éviter d'aller au fast-food ou ne pas avoir de bonbons chez eux. Afin de passer à un mode de vie plus actif, ils peuvent choisir un passe-temps actif (p. ex., jardinage), s'inscrire à des activités programmées de groupe (p. ex., cours de gymnastique, équipes sportives), marcher plus, prendre l'habitude de monter les escaliers plutôt que l'ascenseur, et se garer à l'autre bout des parcs de stationnement (ce qui oblige à marcher plus longtemps).

Les ressources basées sur les technologies telles que des applications pour appareils mobiles et d'autres dispositifs technologiques peuvent aussi permettre des changements de style de vie et la perte de poids. Des applications peuvent permettre aux patients de se fixer un objectif de perte de poids, de surveiller leurs progrès, de suivre leur consommation de nourriture et d'enregistrer leur activité physique.

Médicaments anti-obésité

La pharmacothérapie de l'obésité doit être envisagée en cas d'IMC > 27 kg/m2 avec des comorbidités ou de 30 kg/m2 sans comorbidités (4). Avant de prescrire des médicaments, les médecins doivent identifier les comorbidités qui peuvent être affectées par les médicaments (p. ex., diabète, troubles convulsifs, trouble de consommation d'opiacés), et les médicaments concomitants qui peuvent favoriser la prise de poids.

La plupart des médicaments anti-obésité appartiennent à l'une des classes suivantes:

  • Stimulants du système nerveux central ou anorexigènes (p. ex., phentermine, lorcasérine)

  • Antidépresseurs, inhibiteurs de la recapture de la dopamine ou antagonistes des opiacés (p. ex., bupropion, naltrexone)

  • Agents gastro-intestinaux (p. ex., orlistat, agonistes du glucagon-like peptide 1 [GLP-1])

  • Autres (p. ex., topiramate, metformine, inhibiteurs du cotransporteur-2 de sodium-glucose [SGLT2])

La perte de poids, les effets sur les comorbidités et les profils d'effets indésirables diffèrent largement selon les médicaments.

Les patients doivent être avertis que l'arrêt des médicaments anti-obésité à long terme peut entraîner une reprise de poids.

Les médicaments spécifiques comprennent

  • Orlistat

  • Phentermine

  • Phentermine/topiramate

  • Lorcaserin

  • Naltrexone/bupropion

  • Liraglutide

  • Semaglutide

  • Tirzepatide

L'orlistat inhibe la lipase pancréatique, diminue l'absorption intestinale des graisses et améliore la glycémie et les lipides sanguins. L'orlistat n'étant pas absorbé, les effets systémiques sont rares. Des flatulences, des selles huileuses et une diarrhée sont fréquentes, et ont tendance à disparaître au cours de la 2e année de traitement. Il doit être pris 3 fois/jour avec les repas qui contiennent des graisses. Un supplément vitaminique doit être pris au moins 2 heures avant ou après la prise d'orlistat. La malabsorption et une cholestase sont des contre-indications; le syndrome du côlon irritable et d'autres pathologies digestives peuvent rendre difficile la tolérance à l'orlistat. L'orlistat est disponible en vente libre.

La phentermine est un anorexigène d'action centrale qui peut être utilisé à court terme (≤ 3 mois). Les effets néfastes courants comprennent une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque, des insomnies, de l'anxiété et une constipation. La phentermine ne doit pas être utilisée en cas de troubles cardiovasculaires préexistants, l'hypertension mal contrôlée, d'hyperthyroïdie, ou d'antécédents de toxicomanie ou de dépendance. Deux doses quotidiennes permettent de mieux contrôler l'appétit tout au long de la journée.

L'association de phentermine et de topiramate (utilisée pour traiter les convulsions et les migraines) est approuvée pour une utilisation à long terme. Cette association de médicaments entraîne une perte de poids pendant une période pouvant aller jusqu'à 2 ans. Les malformations congénitales représentant un risque, l'association ne doit être administrée aux femmes en âge de procréer que si elles utilisent une contraception et sont testées chaque mois pour s'assurer qu'elles ne sont pas enceintes. D'autres effets indésirables potentiels comprennent des problèmes de sommeil, des troubles cognitifs, et une augmentation du rythme cardiaque. Les effets cardiovasculaires à long terme sont inconnus, et des études post-commercialisation sont en cours (5).

La lorcasérine (non disponible aux États-Unis) supprime l'appétit par agonisme sélectif des récepteurs 2C (5-HT2C) cérébraux de la sérotonine. Contrairement aux médicaments sérotoninergiques précédemment utilisés pour obtenir une perte de poids, la lorcasérine cible sélectivement les récepteurs 5-HT2C de l'hypothalamus qui, lorsqu'ils sont stimulés, entraînent une hypophagie; elle ne stimule pas les récepteurs 5-HT2B situés sur les valvules cardiaques. Dans les études cliniques, l'incidence de la valvulopathie n'était pas significativement augmentée chez les patients sous lorcasérine par rapport à ceux sous placebo. Les effets indésirables les plus fréquents chez les non diabétiques sont des céphalées, des nausées, des vertiges, la fatigue, la bouche sèche et la constipation; ces effets sont généralement auto-limités. La lorcasérine ne doit pas être utilisée avec des médicaments sérotoninergiques, tel que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSN) ou les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), car il existe un risque de syndrome sérotoninergique. La lorcaserine a été retirée du marché américain après qu'un risque accru de cancer ait été identifié dans un essai post-commercialisation (6).

Des comprimés à libération prolongée de naltrexone/bupropion peuvent être utilisés comme adjuvant de perte de poids. La naltrexone (utilisée pour faciliter l'arrêt de l'alcool) est un antagoniste des opiacés et est censée bloquer la rétroaction négative sur les voies de la satiété dans le cerveau. Le bupropion (utilisé pour traiter la dépression et faciliter le sevrage tabagique) peut induire une hypophagie par activité adrénergique et dopaminergique dans l'hypothalamus. Les effets indésirables les plus fréquents du bupropion comprennent des nausées, des vomissements, des céphalées et une légère augmentation de la pression artérielle systolique et diastolique. Les contre-indications du bupropion comprennent l'hypertension incontrôlée et des antécédents ou des facteurs de risque de crises d'épilepsie, car le bupropion réduit le seuil épileptogène.

Le liraglutide est un agoniste du récepteur de GLP-1 (glucagon-like peptide 1) utilisé initialement dans le traitement du diabète de type 2 (7). Le liraglutide augmente la libération d'insuline par le pancréas sous l'effet du glucose pour induire un contrôle glycémique; le liraglutide augmente également la satiété et réduit la prise alimentaire. Le liraglutide est injecté quotidiennement et la dose est augmentée sur 5 semaines. Les effets indésirables comprennent des nausées et des vomissements; la prise de liraglutide comporte un risque de pancréatite aiguë et de tumeurs thyroïdiennes à cellules C.

Le sémaglutide est un agoniste du récepteur du GLP-1 approuvé pour le traitement du diabète de type 2. Le sémaglutide augmente la libération d'insuline médiée par le glucose et réduit l'appétit et l'apport énergétique par des effets sur les centres de l'appétit de l'hypothalamus. Le sémaglutide 2,4 mg par voie sous-cutanée a entraîné une perte de poids corporel moyenne de 14,9% à 68 semaines par rapport à 2,4% chez les patients traités par placebo (8). Les patients sous sémaglutide ont également eu des améliorations plus importantes des facteurs de risque cardiovasculaire ainsi que du fonctionnement physique rapporté par le patient. Comme le liraglutide, les effets indésirables les plus fréquents du sémaglutide comprennent des nausées et de la diarrhée, qui sont habituellement transitoires et d'intensité légère à modérée. Les avertissements concernant le sémaglutide comprennent les tumeurs thyroïdiennes et la pancréatite.

Le tirzépatide est un nouveau polypeptide inhibiteur gastrique (GIP) et un agoniste du GLP-1 utilisé pour traiter le diabète de type 2. Dans un essai de phase 3, il a abouti à des réductions substantielles et durables du poids corporel chez les patients qui n'ont pas de diabète. Des améliorations de la maladie cardiométabolique ont également été observées. Il peut provoquer une pancréatite, une hypoglycémie et des tumeurs à cellules C de la thyroïde et est contre-indiquée en cas de syndrome de néoplasie endocrinienne multiple de type 2 (9).

Tous les agonistes du GLP-1 sont associés à des effets indésirables tels que des nausées, des vomissements et une vidange gastrique retardée, ce qui peut augmenter le risque d'inhalation. L'American Society of Anesthesiologists Task Force on Preoperative jeûne recommande d'arrêter les agonistes du GLP-1 à dose quotidienne le jour de la chirurgie et des médicaments à dose hebdomadaire 1 semaine avant la chirurgie (10).

Des études ont montré que les médicaments anti-obésité peuvent être sûrs et efficaces pour perdre du poids après une chirurgie bariatrique si le poids est repris. Des recherches sont en cours sur l'utilisation des médicaments anti-obésité (p. ex., agonistes des récepteurs du GLP-1) en tant que thérapie de transition vers la chirurgie métabolique et bariatrique (11).

Certains médicaments tels que la metformine, le topiramate et les associations génériques de naltrexone/bupropion et de phentermine/topiramate ont été utilisés hors-AMM pour traiter l'obésité.

Les médicaments anti-obésité doivent être arrêtés ou modifiés en l'absence dee perte de poids documentée après 12 semaines de traitement.

La plupart des traitements pour la perte de poids en vente libre sont déconseillés car leur efficacité n'a pas été démontrée. Des exemples de ces traitements sont garcinia gummi-gutta, L-carnitine, chitosan, pectine, extrait de pépins de raisin, de marron d'Inde, picolinate de chrome, fucus vesiculosus et ginkgo biloba. Certains (p. ex., caféine, éphédrine, guarana, phénylpropanolamine) ont des effets indésirables qui sont supérieurs à leurs avantages. En outre, certains de ces traitements sont adultérés ou contiennent des substances nocives interdites par la FDA (U.S. Food and Drug Administration) (p. ex., l'éphédra, l'orange amère, la sibutramine).

Chirurgie

La chirurgie bariatrique est le traitement le plus efficace dans les obésités sévères.

Références pour le traitement

  1. 1. Arnett DK, Blumenthal RS, Albert, MA, et al: 2019 ACC/AHA guideline on the primary prevention of cardiovascular disease: A report of the American College of Cardiology/American Heart Association Task Force on Clinical Practice Guidelines. Circulation 140 (11):e596-e646, 2019. doi: 10.1161/CIR.0000000000000678 Epub 2019 Mar 17.

  2. 2. Mann T, Tomiyama AJ, Westling E, et al: Medicare's search for effective obesity treatments: Diets are not the answer. Am Psychol 62 (3):220–233, 2007. doi: 10.1037/0003-066X.62.3.220

  3. 3. US Preventive Services Task Force: Behavioral weight loss interventions to prevent obesity-related morbidity and mortality in adults. JAMA 320 (11):1163–1171, 2018, 2018. doi: 10.1001/jama.2018.13022

  4. 4. Garvey WT, Mechanick JI, Brett EM, et alAmerican Association of Clinical Endocrinologists and the American College of Endocrinology comprehensive clinical practice guidelines for medical care of patients with obesity. Endocr Pract 22 Suppl 3:1–203, 2016. doi: 10.4158/EP161365.GL Epub 2016 May 24.

  5. 5. Jordan J, Astrup A, Engeli S, et al: Cardiovascular effects of phentermine and topiramate: A new drug combination for the treatment of obesity. J Hypertens 32 (6): 1178–1188, 2014. doi: 10.1097/HJH.0000000000000145 Published online 2014 Apr 30.

  6. 6. Mahase EM: Weight loss pill praised as "holy grail" is withdrawn from US market over cancer link. BMJ 20;368:m705, 2020. doi: 10.1136/bmj.m705 PMID: 32079611.

  7. 7. Mehta A, Marso SP, Neeland, IJ: Liraglutide for weight management: A critical review of the evidence. Obes Sci Pract 3 (1):3–14, 2017. doi: 10.1002/osp4.84 Epub 2016 Dec 19.

  8. 8. Wilding JPH, Batterham RL, Calanna S, et al: Once-weekly semaglutide in adults with overweight or obesity. N Engl J Med 18;384(11):989, 2021. doi: 10.1056/NEJMoa2032183

  9. 9. Jastreboff AM, Aronne LJ, Ahmad NN, et al: Tirzepatide once weekly for the treatment of obesity. N Engl J Med 21;387 (3):205–216, 2022. doi: 10.1056/NEJMoa2206038 Epub 2022 Jun 4.

  10. 10. Joshi GP, Abdelmalak BB, Weigel WA, et al: American Society of Anesthesiologists consensus-based guidance on preoperative management of patients (adults and children) on glucagon-like peptide-1 (GLP-1) receptor agonists. American Society of Anesthesiologists 2023. Consulté le 16/10/23.

  11. 11. Mok J, Mariam OA, Brown A, et al: Safety and efficacy of liraglutide, 3.0 mg, once daily vs placebo in patients with poor weight loss following metabolic surgery: The BARI-OPTIMISE randomized clinical trial. JAMA Surg 158 (10):1003–1011, 2023. doi:10.1001/jamasurg.2023.2930

Populations particulières dans l'obésité

L'obésité est particulièrement préoccupante chez l'enfant et peut poser problème chez la personne âgée.

Enfants

L'obésité chez l'enfant est définie comme un IMC supérieur au 95e percentile. Chez l'enfant obèse, les complications sont plus susceptibles de se développer parce que la durée de la maladie est plus longue. Plus de 25% des enfants et des adolescents sont en surpoids ou obèses. (Voir aussi Obésité chez les adolescents.) Comme pour les adultes, les complications liées à l'obésité chez l'enfant comprennent l'HTA, la dyslipidémie, le diabète et les problèmes articulaires.

Les facteurs de risque d'obésité chez les nourrissons sont un petit poids de naissance (1) et le poids maternel, un diabète et un tabagisme.

Après la puberté, la prise alimentaire augmente pour s'adapter aux besoins physiologiques; l'augmentation de la masse grasse est plus marquée chez les filles au moment de la puberté.

Chez l'enfant obèse, les complications psychologiques (p. ex., une mauvaise estime de soi, des difficultés sociales, une dépression), respiratoires et musculosquelettiques peuvent se développer tôt. Certaines complications musculosquelettiques, telles que l'épiphysiolyse de la tête fémorale, sont spécifiques de l'enfant. D'autres complications précoces peuvent comprendre l'apnée obstructive, l'insulino-résistance, l'hyperlipidémie et la stéatohépatite non alcoolique. Le risque de complications cardiovasculaires, respiratoires, métaboliques, hépatiques et d'autres complications liées à l'obésité augmente à l'âge adulte.

Le risque d'obésité persistant à l'âge adulte dépend en partie de quand l'obésité a débuté. Dans une méta-analyse de plusieurs grandes études de cohorte, 55% des enfants atteints d'obésité ont continué à avoir une obésité à l'adolescence et 70% ont continué à avoir une obésité après l'age de 30 ans (2).

Le traitement de l'obésité chez l'enfant et l'adolescent comprend des modifications du mode de vie et, chez l'enfant présentant une obésité sévère, une chirurgie métabolique et bariatrique. Habituer l'enfant à pratiquer une activité physique régulière et ludique est la meilleure façon de mettre en place un mode de vie physiquement actif durable à l'adolescence et à l'âge adulte. Limiter les activités sédentaires (p. ex., regarder la télévision, l'ordinateur ou les appareils de poche) peut aussi aider. L'administration de médicaments et la chirurgie sont généralement contre-indiqués et ne sont justifiés, après avis d'un expert, que dans le cas où des complications de l'obésité menacent le pronostic vital.

Les actions en faveur d'un contrôle du poids et de la prévention de l'obésité chez l'enfant peuvent être bénéfiques pour la santé du plus grand nombre. De telles mesures doivent être mises en œuvre au niveau de la famille, des écoles et de la médecins générale. Cependant, les modifications du mode de vie souvent n'entraînent pas de perte de poids permanente.

Les lignes directrices mises à jour en 2023 de l'American Academy of Pediatrics (AAP) recommandent que les enfants et les adolescents qui ont une obésité sévère (définie comme un IMC ≥ 40 ou un IMC > 35 avec des complications de santé importantes liées à l'obésité) doivent être traités par chirurgie métabolique et bariatrique, et le traitement doit impliquer une équipe multidisciplinaire. Les principales sociétés de chirurgie métabolique et bariatrique ont des recommandations similaires; cependant, la chirurgie métabolique et bariatrique n'est pas souvent utilisée chez l'enfant et l'adolescent. Les obstacles comprennent la stigmatisation contre la chirurgie bariatrique dans cette population et le manque de centres disponibles et de médecins formés pour prendre en charge les enfants et les adolescents souffrant d'obésité (3).

Personnes âgées

Aux États-Unis, la prévalence de l'obésité est en augmentation chez les personnes âgées.

Avec l'âge, la masse graisseuse augmente et est redistribuée sur l'abdomen et la masse musculaire diminue, en grande partie du fait de l'inactivité physique, mais la diminution de la sécrétion des androgènes et de l'hormone de croissance (qui sont anabolisants) ainsi que les cytokines inflammatoires produites dans l'obésité peuvent également jouer un rôle.

Le risque de complication dépend de

  • La distribution de la graisse corporelle (augmentant, avec une répartition abdominale prédominante)

  • L'ancienneté et de la sévérité de l'obésité

  • La sarcopénie associée

L'augmentation du tour de taille est un meilleur indicateur de risque de morbidité (p. ex., HTA, diabète, coronaropathie) et de mortalité chez la personne âgée que l'index de masse corporelle. Avec le vieillissement, la graisse a tendance à s'accumuler au niveau de la taille.

Dans le cas des personnes âgées, le médecin peut recommander que l'apport calorique soit réduit et que l'activité physique soit augmentée. Cependant, si les patients âgés souhaitent réduire sensiblement leur apport calorique, leur régime alimentaire doit être supervisé par un médecin. L'activité physique améliore également la force musculaire, l'endurance et le bien-être général et réduit le risque de développer des maladies chroniques telles que le diabète. L'activité doit comprendre des exercices de raffermissement et d'endurance.

La chirurgie métabolique et bariatrique a été historiquement moins fréquemment utilisée chez les patients âgés. Dans une grande étude rétrospective comparant les résultats des patients de < 65 ans avec ceux des patients de ≥ 65 ans ayant subi une sleeve gastrectomie (gastroplastie verticale calibrée avec résection gastrique) ou un pontage gastrique, les taux de complications entre les groupes étaient similaires. Bien que les patients âgés aient tendance à avoir des scores plus élevés de l'American Society of Anesthesiologists (ASA) et plus de comorbidités au départ, la morbidité et la mortalité après la chirurgie ne différaient pas entre les groupes. Dans le groupe ≥ 65 ans, l'effet positif de la chirurgie bariatrique sur la perte de poids et les comorbidités liées à l'obésité était présent mais moins prononcé que dans le groupe < 65 ans. Globalement, les données suggèrent que l'âge seul ne doit pas être considéré comme une contre-indication à la chirurgie métabolique et bariatrique (4).

Références pour des populations particulières

  1. 1. Jornayvaz FR, Vollenweider P, Bochud M, et al: Low birth weight leads to obesity, diabetes and increased leptin levels in adults: The CoLaus study. Cardiovasc Diabetol 15:73, 2016. doi: 10.1186/s12933-016-0389-2

  2. 2. Simmonds M, Llewellyn A, Owen ACG, Woolacott N: Predicting adult obesity from childhood obesity: A systematic review and meta-analysis. Obes Rev 17 (2):95–107, 2016. doi: 10.1111/obr.12334 Epub 2015 Dec 23.

  3. 3. Elkhoury D, Elkhoury C, Gorantla VR. Improving access to child and adolescent weight loss surgery: A review of updated National and International Practice Guidelines. Cureus 15 (4):e38117, 2023. doi: 10.7759/cureus.38117

  4. 4. Iranmanesh P, Boudreau V, Ramji K, et al: Outcomes of bariatric surgery in elderly patients: A registry-based cohort study with 3-year follow-up. Int J Obes (Lond) 46 (3), 574–580 2022. https://doi.org/10.1038/s41366-021-01031-]]

Pronostic de l'obésité

Non traitée, l'obésité tend à s'aggraver. La probabilité et la gravité des complications sont proportionnelles à

  • La quantité absolue de graisse

  • La distribution de la graisse

  • Masse musculaire absolue

Après une perte de poids, la plupart des personnes retrouvent leur poids antérieur au traitement dans les 5 ans, et, par conséquent, l'obésité demande un programme de surveillance à long terme à l'instar de toute autre maladie chronique. En outre, lorsque les médicaments anti-obésité sont arrêtés, les patients ont tendance à reprendre du poids.

Prévention de l'obésité

Une activité physique régulière et une alimentation saine améliorent la condition physique générale, peuvent contrôler le poids et aident à prévenir le diabète sucré et l'obésité. Même en l'absence de perte de poids, l'exercice diminue le risque de maladies cardiovasculaires. Les fibres alimentaires diminuent le risque de cancer du côlon et de pathologies cardiovasculaires.

Un sommeil suffisant et de bonne qualité, la gestion du stress et la modération de la consommation d'alcool sont également importants. Cependant, de nombreux facteurs biologiques et socio-économiques sont hors du contrôle d'une personne.

Si possible, les patients doivent éviter les médicaments associés à une prise de poids. Les médicaments habituels favorisant le poids comprennent certains antipsychotiques (p. ex., rispéridone, lithium, quétiapine, olanzapine), les antidépresseurs (p. ex., citalopram, duloxétine), les somnifères (p. ex., zolpidem, trazodone), les antiépileptiques (p. ex., gabapentine) et les corticostéroïdes.

Points clés

  • L'obésité augmente le risque de nombreux problèmes de santé courants et est responsable aux États-Unis de près de 300 000 décès prématurés chaque année, ce qui en fait la seconde cause de mortalité évitable après le tabagisme.

  • Un apport calorique excessif et une activité physique insuffisante contribuent le plus à l'obésité, mais la susceptibilité génétique et divers troubles (y compris les troubles de la prise alimentaire) peuvent également y contribuer.

  • Classer les patients à l'aide de l'indice de masse corporelle (IMC) et du tour de taille et, lorsqu'une analyse de la composition du corps est indiquée, en mesurant l'épaisseur du pli cutané ou l'impédance bioélectrique.

  • Dépister chez les patients obèses les troubles concomitants fréquents, tels que l'apnée obstructive du sommeil, le diabète, la dyslipidémie, l'hypertension, une maladie hépatique stéatosique et la dépression.

  • Encourager les patients à perdre encore 5 à 10% du poids du corps en modifiant leur régime alimentaire, augmentant l'activité physique, et par des interventions comportementales, si possible.

  • Envisager des médicaments anti-obésité si l'IMC est ≥ 30 ou si l'IMC est ≥ 27 avec des complications (p. ex., hypertension, résistance à l'insuline); cependant, en cas d'obésité sévère, la chirurgie est plus efficace.

  • Encourager tous les patients à faire de l'exercice, à manger sainement, à dormir suffisamment et à gérer le stress.

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