Douleurs lombaires

ParPeter J. Moley, MD, Hospital for Special Surgery
Revue/Révision complète oct. 2022
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Les faits en bref

Les douleurs lombaires et les douleurs cervicales comptent parmi les motifs les plus fréquents de consultations médicales. La douleur résulte généralement de problèmes liés au système musculosquelettique, notamment la colonne vertébrale, y compris les os qui la composent (vertèbres), les disques, ainsi que les muscles et les ligaments qui la soutiennent. Parfois, les douleurs lombaires sont dues à une affection n’impliquant pas le système musculosquelettique.

Les douleurs lombaires deviennent de plus en plus fréquentes avec l’âge. Elles affectent en effet plus de la moitié des personnes âgées de plus de 60 ans. Elles sont très coûteuses en termes de remboursement de frais médicaux, de prestations d’invalidité et d’absentéisme au travail.

Le rachis (colonne vertébrale) est composé de vertèbres. Il existe des disques qui amortissent les chocs entre chacune des vertèbres. Les disques sont dotés d’une couche externe dure de fibrocartilage et d’une partie intérieure souple semblable à de la gélatine appelée noyau. Chacune des vertèbres possède deux articulations derrière les disques. Les articulations sont appelées articulations facettaires. Les facettes d’un corps vertébral reposent sur les facettes de celui qui est situé en dessous, formant une articulation. Les articulations facettaires, et donc la colonne vertébrale, sont stabilisées par des ligaments et des muscles, notamment :

  • Deux muscles iliopsoas, qui longent les deux côtés de la colonne

  • Deux muscles érecteurs du rachis, qui longent l’arrière de la colonne

  • De nombreux muscles paraspinaux courts, qui passent entre les vertèbres

Les muscles abdominaux (qui s’étendent de la partie inférieure de la cage thoracique au bassin) participent également à la stabilisation du rachis en soutenant le contenu abdominal. Les muscles des fesses permettent également de stabiliser la colonne vertébrale. L’ensemble de ces muscles est appelé muscles centraux.

À l’intérieur de la colonne vertébrale se trouve la moelle épinière. Le long de la moelle épinière émergent latéralement les nerfs spinaux à travers des espaces ménagés entre les vertèbres pour se connecter à l’ensemble des nerfs de l’organisme. La partie du nerf spinal la plus proche de la moelle épinière s’appelle la racine. Compte tenu de leur situation, les racines des nerfs spinaux peuvent être comprimées (compressées) en cas de blessure de la colonne, induisant une douleur.

La partie inférieure de la colonne vertébrale (colonne lombaire) est reliée à la colonne vertébrale dans le haut du dos (colonne thoracique) au-dessus et au niveau du bassin par le sacrum en dessous. Le sacrum est le gros os triangulaire situé à la base de la colonne vertébrale et dont la partie inférieure est le coccyx. La colonne lombaire est souple pour permettre de se tourner, de se tordre et de se pencher, et fournit de la force pour se tenir debout, marcher et porter des charges. Ainsi, la région lombaire est impliquée dans presque toutes les activités de la vie quotidienne. Une douleur lombaire peut limiter de nombreuses activités et diminuer la qualité de vie.

Types de douleur dorsale

Les types fréquents de douleurs dorsales comprennent la douleur locale, irradiée et projetée.

Une douleur locale peut survenir dans une zone précise de la région lombaire. C’est le type de douleur dorsale le plus fréquent. Elle trouve généralement son origine dans une petite lésion au niveau des disques, une arthrite articulaire, et une entorse ou une foulure musculaire. La douleur peut être constante et diffuse ou, parfois, être intermittente et aiguë. Une douleur soudaine peut être ressentie si la cause est une lésion. Une douleur locale peut être aggravée ou soulagée par un changement de position. La région lombaire peut être douloureuse au toucher. Des spasmes musculaires peuvent se produire.

Une douleur irradiée est une douleur qui descend de la région lombaire vers les jambes. La douleur peut être sourde ou aiguë et intense. Elle ne touche généralement que le côté ou l’arrière de la jambe et peut descendre jusqu’au pied ou s’arrêter au genou. Une douleur irradiée indique généralement la compression d’une racine nerveuse, causée par un trouble comme une hernie discale, une sciatique, une arthrose ou une sténose du canal vertébral. Tousser, éternuer, étirer ou fléchir le buste, en gardant les jambes droites, peut déclencher la douleur. En cas de pression sur la racine nerveuse, la douleur peut être accompagnée d’une faiblesse musculaire de la jambe, d’une sensation de fourmillement, voire d’une perte de sensibilité. Dans de rares cas, les personnes perdent le contrôle de leur vessie (incontinence urinaire) ou le contrôle de leurs fonctions sphinctériennes (incontinence fécale).

Une douleur projetée est ressentie sur un site différent de celui qui est effectivement à l’origine de la douleur. Par exemple, certaines personnes souffrant d’un infarctus du myocarde ressentent une douleur dans le bras gauche. La douleur projetée allant d’organes internes vers la région lombaire est souvent profonde et diffuse et il est difficile de la localiser exactement. Les mouvements ne l’aggravent généralement pas, contrairement à la douleur provoquée par un trouble musculosquelettique.

Causes des douleurs lombaires

La plupart des douleurs dorsales sont causées par des affections de la colonne vertébrale et des articulations, ainsi que des muscles, des ligaments et des racines nerveuses qui l’entourent ou des disques situés entre les vertèbres. Souvent, il n’est pas possible d’identifier une cause particulière unique. Toute affection douloureuse de la colonne vertébrale peut induire un raidissement (spasme) des muscles entourant la colonne. Ce spasme peut aggraver la douleur existante. Le stress peut aggraver les douleurs lombaires, mais le mécanisme de déclenchement n’est pas clair.

Parfois, la douleur dorsale est due à des affections ne touchant pas la colonne vertébrale, par exemple, cancer, troubles gynécologiques (par exemple, syndrome prémenstruel), affections rénales (par exemple, calculs rénaux) et urinaires (par exemple, infections des reins, de la vessie ou de la prostate) et du tube digestif (par exemple, diverticulite), et affections des principales artères se trouvant près de la colonne vertébrale.

Causes fréquentes

Causes fréquentes des douleurs lombaires

Des lésions peuvent survenir au cours d’activités de routine (par exemple, soulever quelque chose, faire de l’exercice physique, bouger de façon inattendue) ou résulter d’un traumatisme tel qu’une chute ou un accident de la route. Souvent, aucune structure lésée spécifique n’est identifiée avec des examens d’imagerie, mais les médecins présupposent que certains muscles et/ou ligaments ont été affectés.

L’arthrose (arthrite dégénérative) entraîne l’usure du cartilage entre les articulations facettaires et la formation d’épines osseuses (ostéophytes). Cette affection est en partie due à l’usure provoquée par des années d’utilisation. Une personne qui soumet à des contraintes de façon répétitive une articulation ou un groupe d’articulations est plus susceptible de souffrir d’arthrose dans cette zone. Les disques intervertébraux se détériorent et les espaces entre les vertèbres rétrécissent, augmentant la pression sur les articulations facettaires, qui s’enflamment (arthrite) et forment des épines osseuses dans les orifices des racines nerveuses. En cas de dégénérescence sévère et de diminution de la hauteur des disques, les ostéophytes dans l’ouverture peuvent comprimer les racines des nerfs rachidiens. Tous ces changements peuvent provoquer des douleurs lombaires et des raideurs dorsales.

Les fractures vertébrales par compression (fractures des vertèbres rachidiennes) se produisent en général lorsque la densité osseuse diminue en raison d’une ostéoporose, qui apparaît généralement avec l’âge. Les vertèbres sont particulièrement sensibles aux effets de l’ostéoporose. Les fractures vertébrales par compression (pouvant causer une douleur dorsale sévère soudaine) peuvent s’accompagner d’une compression des racines des nerfs spinaux (susceptibles d’induire une douleur dorsale chronique). Cependant, la plupart des fractures dues à l’ostéoporose se situent dans la partie supérieure ou moyenne du dos, et provoquent une douleur dans ces régions plutôt que dans les lombaires.

Une rupture ou une hernie discale peut induire une douleur lombaire. Le disque est constitué d’une couche externe dure et d’une partie interne de consistance molle, semblable à de la gélatine. Si un disque est surchargé de manière répétée par les vertèbres au-dessus et en dessous (comme lorsque l’on se penche en avant, en particulier lorsque l’on soulève un objet lourd), la couche externe peut se déchirer (rupture), provoquant une douleur. La partie interne du disque peut alors faire saillie au travers de cette fissure et former une hernie. Cette saillie peut à son tour comprimer, irriter ou même léser la racine du nerf rachidien adjacent, provoquant de nouvelles douleurs et de nouveaux symptômes qui se font ressentir dans l’une des jambes ou les deux jambes. Une rupture ou une hernie discale dans le bas du dos qui affecte des nerfs est souvent à l’origine de sciatiques. Cependant, les examens d’imagerie comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM) montrent souvent des disques faisant saillie chez des personnes qui ne présentent pas de symptômes ou de problèmes.

La sténose lombaire est un rétrécissement du canal rachidien, qui court à travers le centre de la colonne et qui contient la moelle épinière et le faisceau de nerfs qui descend du bas de la moelle épinière jusqu’au niveau des lombaires. Il s’agit d’une cause fréquente de douleur lombaire chez les personnes âgées. Une sténose du canal vertébral peut aussi se développer chez des personnes d’âge moyen nées avec un canal vertébral plus étroit. La sténose spinale est induite par des troubles tels que arthrose, spondylolisthésis, spondylarthrite ankylosante ou maladie osseuse de Paget.

La sténose du canal vertébral peut provoquer une sciatique ou une douleur lombaire.

Le spondylolisthésis consiste en un déplacement partiel d’une vertèbre lombaire. Un type se développe généralement durant l’adolescence ou au début de l’âge adulte (souvent chez les athlètes), provoqué par une lésion entraînant la fracture d’une partie de la vertèbre. Si les deux côtés de la vertèbre sont touchés, celle-ci peut alors glisser vers l’avant sur celle qui se trouve en dessous. Le spondylolisthésis peut également affecter les personnes âgées, mais principalement suite à une maladie dégénérative. Les personnes souffrant de spondylolisthésis à l’âge adulte sont à risque de développer une sténose lombaire.

La fibromyalgie est une cause fréquente de douleur affectant de nombreuses parties du corps, et parfois le bas du dos. Ce trouble induit une douleur chronique diffuse au niveau des muscles et des tissus mous, dans des zones extérieures à la région lombaire. La fibromyalgie se caractérise également par un sommeil de mauvaise qualité et de la fatigue.

Le saviez-vous ?

  • Le renforcement des muscles abdominaux, de même que des muscles dorsaux, permet de soutenir la colonne vertébrale et de prévenir les douleurs lombaires.

Causes moins fréquentes

Causes moins fréquentes de douleurs lombaires

Évaluation des douleurs lombaires

Le médecin s’efforce d’identifier toute pathologie grave. Étant donné que les douleurs lombaires sont souvent causées par plusieurs problèmes, il est parfois impossible de diagnostiquer une cause unique. Il est possible que le médecin puisse uniquement affirmer que la cause est un trouble musculosquelettique et dans quelle mesure elle sera grave.

Signes avant-coureurs

Chez les personnes souffrant de douleurs lombaires, certains symptômes et caractéristiques doivent éveiller l’attention. À savoir :

  • Antécédent de cancer

  • Prise de médicaments immunosuppresseurs, infection par le VIH ou sida, injection de drogues, intervention chirurgicale récente ou blessure, pathologies qui augmentent le risque d’infection

  • Engourdissement, faiblesse au niveau d’une ou des deux jambes, difficulté à vider la vessie (rétention d’urine) ou perte de contrôle de la vessie (incontinence urinaire) ou des intestins (incontinence fécale), des symptômes suggérant une lésion nerveuse ou une compression médullaire

  • Fièvre

  • Perte de poids

  • Douleur sévère la nuit

  • Douleur abdominale ou thoracique, ou sensation de pulsation dans la partie supérieure de l’abdomen, symptômes suggérant un anévrisme de l’aorte abdominale

  • Vomissements, douleur abdominale sévère ou encore selles noires ou sanglantes, symptômes suggérant un trouble digestif

  • Difficulté à uriner, présence de sang dans les urines ou crampes sévères sur un côté, irradiant vers l’aine, symptômes suggérant une affection des voies urinaires

Quand consulter un médecin

Il convient de consulter immédiatement un médecin en cas de fièvre ou d’un ou plusieurs signes avant-coureurs suggérant une lésion nerveuse, un anévrisme de l’aorte abdominale, un trouble digestif ou une affection des voies urinaires. Une personne qui présente un autre signe avant-coureur doit voir un médecin dans la journée. Si la douleur n’est pas sévère et que la personne ne présente pas de signe avant-coureur autre qu’une douleur depuis plus de 6 semaines, la nécessité de consulter un médecin n’est pas aussi urgente.

Que fait le médecin

Les médecins posent d’abord des questions sur les symptômes et les antécédents médicaux de la personne. Le médecin réalise ensuite un examen clinique. Les observations faites par les médecins pendant le relevé des antécédents et l’examen clinique les aiguillent souvent sur la cause et les examens complémentaires à réaliser le cas échéant (voir le tableau Quelques causes et caractéristiques de la douleur lombaire).

Le médecin pose des questions au sujet de la douleur :

  • Comment est la douleur ?

  • Quand et comment a-t-elle démarré ?

  • Quel est son degré d’intensité ?

  • Où siège-t-elle et où irradie-t-elle ?

  • Qu’est-ce qui la soulage ou l’aggrave (par exemple, un changement de position ou le port d’un poids) ?

  • Existe-t-il d’autres symptômes (tels qu’un engourdissement, une faiblesse, une rétention urinaire ou une incontinence) ?

Certaines caractéristiques de la douleur peuvent donner des indices quant à une cause possible :

  • Une douleur située dans une région sensible au toucher et aggravée par un changement de position ou lors du port d’un poids est généralement locale.

  • Une douleur qui irradie vers la jambe, telle qu’une sciatique, est généralement causée par la compression de la racine d’un nerf spinal.

  • Une douleur non affectée par un changement de position du dos et non accompagnée de sensibilité peut être une douleur projetée.

  • Une douleur constante, sévère, s’aggravant progressivement et non soulagée par le repos, surtout si elle maintient la personne éveillée la nuit, peut être une hernie discale, mais peut indiquer un cancer ou une infection.

L’examen clinique se concentre sur la colonne vertébrale ainsi que sur l’évaluation des nerfs, jusqu’à l’aine et aux jambes, afin de rechercher d’éventuels signes de compression de racines nerveuses. Les signes de compression d’une racine nerveuse dépendent des racines nerveuses impliquées et comprennent la faiblesse de l’un des groupes musculaires d’une jambe, des réflexes anormaux (testés en tapant sur les tendons situés sous le genou et derrière la cheville), une moindre sensibilité dans une région de la jambe, et très rarement, une rétention d’urine ainsi qu’une incontinence urinaire ou une incontinence fécale.

Le médecin peut demander à la personne d’effectuer certains mouvements afin de déterminer le type de douleur. Les médecins demandent généralement à la personne de se pencher en avant et en arrière. Ils peuvent demander à la personne de s’allonger et de lever la jambe sans plier le genou pour voir si cela provoque une douleur, ce qui suggérerait une hernie discale. Le médecin peut également examiner l’abdomen de la personne, à la recherche d’une éventuelle sensibilité, d’une masse ou de pulsations, notamment chez les personnes âgées de plus de 55 ans, susceptibles de présenter un anévrisme de l’aorte. Chez les hommes, il peut examiner la prostate par toucher rectal et chez les femmes, les organes reproducteurs internes par examen pelvien.

Avec des informations sur la douleur, les antécédents médicaux de la personne ainsi que les résultats de son examen clinique, le médecin peut être en mesure de déterminer la cause possible.

Tableau
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Examens

En général, aucun test n’est nécessaire dans la mesure où la plupart des douleurs dorsales sont la conséquence d’une arthrose, de tensions et d’entorses ou d’autres troubles musculosquelettiques mineurs et disparaissent dans les 6 semaines. Un examen d’imagerie est souvent nécessaire si :

Les personnes n’ayant pas répondu au traitement initial ou celles dont les symptômes se sont aggravés ou ont changé passent également des examens.

Les radiographies des lombaires ne montrent que les os. Cela peut aider à détecter des modifications dégénératives causées par l’arthrose, des fractures vertébrales par compression, un spondylolisthésis ou une spondylarthrite ankylosante. Toutefois, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou la tomodensitométrie (TDM) fournit des images des os plus nettes et, en particulier l’IRM, peut montrer les tissus mous (notamment les disques ainsi que certains nerfs). L’IRM ou la TDM est généralement nécessaire lorsque le médecin recherche un éventuel trouble induisant de légères modifications au niveau des os ainsi que des affections des tissus mous. Par exemple, l’IRM ou la TDM peut permettre de confirmer ou d’exclure le diagnostic de hernie discale, de sténose du canal vertébral, de cancer et généralement d’infection. Ces tests permettent également d’indiquer si des nerfs sont comprimés.

En cas de suspicion d’une compression de la moelle épinière, on réalise immédiatement une IRM. Dans de rares cas, quand les résultats de l’IRM ne sont pas évidents, il est nécessaire de réaliser une myélographie couplée à une TDM. Dans de rares cas, en cas de suspicion de cancer ou d’infection, il est nécessaire de prélever du tissu (biopsie). Occasionnellement, on pratique une électromyographie ainsi que des études de conduction nerveuse afin de confirmer la présence, le lieu et parfois la durée et la sévérité de la compression d’une racine nerveuse.

Prévention des douleurs lombaires

Les personnes peuvent réduire leur risque de développer une douleur lombaire en faisant :

  • Exercice physique

  • Renforcement musculaire et étirement musculaire

  • Maintien d’un poids santé

  • Maintenir une bonne posture

  • Utilisation de techniques de levage appropriées

Le moyen le plus efficace de prévenir les douleurs lombaires consiste à pratiquer régulièrement un exercice physique. Les activités en aérobie ainsi qu’un renforcement musculaire spécifique et les exercices d’étirement peuvent s’avérer utiles.

Les activités en aérobie, telles que la nage ou la marche, améliorent le bien-être général et renforcent la tonicité musculaire.

Certains exercices de renforcement et d’étirement des muscles de l’abdomen, des fesses et du dos (muscles centraux) peuvent contribuer à stabiliser le rachis et réduire les tensions sur les disques qui protègent la colonne, ainsi que sur les ligaments qui la maintiennent en place.

Les exercices de renforcement musculaire comprennent l’inclinaison du bassin ou les flexions abdominales. Les exercices d’étirement comprennent l’étirement consistant à amener les genoux sur le thorax. Les exercices d’étirement peuvent augmenter les douleurs dorsales chez certaines personnes et ils doivent donc être pratiqués avec précaution. D’une manière générale, tout exercice qui provoque ou aggrave une douleur dorsale doit être arrêté. Les exercices doivent être répétés jusqu’à la perception d’une fatigue musculaire légère, mais pas au-delà. Il est important de bien respirer pendant toute la durée de l’exercice. Les personnes qui souffrent de douleurs dorsales doivent demander conseil à un médecin avant de débuter une activité physique.

Exercices visant à prévenir les douleurs lombaires

Inclinaison du bassin

S’allonger sur le dos, les genoux fléchis, les talons sur le sol et le poids sur les talons. Appuyer le dos sur le sol, contracter les fesses (en les soulevant d’environ 1,5 cm du sol) et contracter les muscles abdominaux. Maintenir cette position en comptant jusqu’à 10. Répéter 20 fois.

Flexions abdominales

S’allonger sur le dos, les genoux fléchis et les pieds appuyés sur le sol. Croiser les mains sur la poitrine. Contracter les muscles abdominaux, soulever lentement les épaules à environ 25 cm du sol en gardant la tête en arrière (le menton ne doit pas toucher la poitrine). Puis relâcher les muscles abdominaux, abaisser lentement les épaules. Réaliser 3 séries de 10 exercices.

Étirement genou-thorax

S’allonger sur le dos. Placer les deux mains derrière un genou et le ramener sur la poitrine. Compter jusqu’à 10. Abaisser lentement la jambe et renouveler de l’autre côté. Réaliser cet exercice 10 fois.

L’exercice physique peut également contribuer à maintenir un poids idéal. Les exercices de mise en charge peuvent contribuer à préserver la densité osseuse. Ainsi, l’activité physique peut diminuer le risque de développer deux affections susceptibles de favoriser la survenue de douleurs lombaires, l’ostéoporose et l’obésité.

Le maintien d’une posture correcte lors de la position debout ou assise réduit les tensions exercées sur le dos. La position avachie doit être évitée. Le fauteuil peut être ajusté à une hauteur qui permette aux pieds de reposer à plat sur le sol, les genoux légèrement fléchis et le dos bien appuyé sur le dossier. Si le fauteuil ne soutient pas les lombaires, on peut placer un coussin derrière le dos. Il est souhaitable de s’asseoir en ayant les pieds sur le sol, plutôt que d’avoir les jambes croisées. Il faut, de plus, éviter les stations debout ou assise prolongées. Si ces stations debout ou assise prolongées ne peuvent pas être évitées, un changement fréquent de position peut réduire les tensions exercées sur le dos.

Apprendre la méthode correcte pour soulever les charges permet de prévenir les lésions dorsales. Les hanches doivent se trouver dans l’alignement des épaules (c’est-à-dire non tournées d’un côté ou de l’autre). Il ne faut pas se pencher avec les jambes presque droites en tendant les bras pour attraper un objet. Il convient, au contraire, de fléchir les hanches et les genoux. Se pencher de cette façon permet de maintenir le dos plus droit et d’amener les bras au niveau de l’objet, les coudes étant sur le côté. Ensuite, en maintenant l’objet près du corps, on le soulève en tendant les jambes. De cette façon, ce sont les jambes et non le dos qui portent l’objet. Porter un objet au-dessus de la tête ou exercer un mouvement de torsion en le soulevant augmente le risque de lésion dorsale.

Traitement des douleurs lombaires

Si une cause particulière peut être diagnostiquée, le trouble peut être traité. On administre, par exemple, des antibiotiques pour traiter une infection de la prostate. Il n’existe cependant pas de traitement particulier pour les douleurs musculosquelettiques dues aux tensions et aux entorses, non plus que pour de nombreuses autres causes musculosquelettiques. Mais de nombreuses mesures d’ordre général peuvent s’avérer utiles. Elles sont généralement également utilisées en cas de compression de la racine d’un nerf spinal.

Mesures générales pour la douleur dorsale

Les mesures comprennent notamment :

  • La modification des activités

  • La prise de médicaments soulageant la douleur

  • L’application de chaud ou de froid sur la zone douloureuse

  • Exercice physique léger si toléré

Si la douleur lombaire est d’apparition récente, le traitement initial consiste à éviter toute activité entraînant une tension ou une douleur au niveau de la colonne vertébrale, comme le port d’objets lourds et les flexions. L’alitement n’accélère pas la disparition des douleurs et la plupart des spécialistes recommandent la poursuite d’activités modérées. Le repos au lit, s’il est nécessaire pour soulager une douleur sévère, ne doit pas durer plus de 1 ou 2 jours. Un alitement plus long affaiblirait les muscles centraux et augmenterait la raideur, aggravant ainsi la douleur dorsale et prolongeant le temps de récupération. Ni le port d’un corset ni les tractions ne sont efficaces. Les tractions peuvent retarder la guérison.

Le paracétamol est généralement recommandé pour soulager la douleur, sauf en cas d’inflammation. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en vente libre ou sur ordonnance peuvent soulager la douleur et réduire l’inflammation. Si le paracétamol ou les AINS ne soulagent pas suffisamment la douleur, des analgésiques opioïdes sont parfois prescrits. Le cas échéant, ils ne doivent être utilisés que pendant une courte durée. En effet, leur utilisation à long terme peut accroître la sensibilité à la douleur et entraîner des effets secondaires, ainsi qu’un risque de trouble lié à l’abus de substances.

Des myorelaxants, tels que le carisoprodol, la cyclobenzaprine, le diazépam, la métaxalone, ou le méthocarbamol, sont parfois administrés afin de soulager les spasmes musculaires, mais leur utilité est controversée. Ces médicaments ne sont pas recommandés chez les personnes âgées, qui peuvent plus facilement manifester des effets secondaires tels que somnolence et confusion. Les médecins essaient de ne pas prescrire des myorelaxants si les personnes ne présentent pas de spasmes musculaires visibles et palpables. S’ils sont prescrits, les myorelaxants ne doivent pas être utilisés pendant plus de 72 heures, sauf chez certaines personnes atteintes de troubles dont la douleur provient du cerveau ou de la moelle épinière (syndrome douloureux central). Par exemple, la cyclobenzaprine peut améliorer la qualité du sommeil et réduire la douleur chez les personnes atteintes de fibromyalgie. Les médecins indiquent parfois aux personnes de ne les prendre qu’au coucher.

L’application de chaleur ou de froid peut être utile (voir Traitement de la douleur et de l’inflammation). Le froid est généralement préférable à la chaleur dans les deux jours qui suivent une lésion. La glace ou la poche de froid ne doit pas être directement appliquée sur la peau. La poche de glace doit être enveloppée (par exemple, dans du plastique) et placée sur une serviette ou un linge. La glace est retirée après 20 minutes, puis réappliquée durant 20 minutes, sur une période de 60 à 90 minutes. Cette méthode peut être répétée plusieurs fois pendant les premières 24 heures. Du chaud, à l’aide d’une bouillotte, peut être appliqué pendant les mêmes durées. Étant donné que la peau du dos peut être insensible à la chaleur, il convient d’appliquer la bouillotte avec précaution pour éviter les brûlures. Il ne faut pas l’utiliser au moment de se coucher, pour éviter le risque de s’endormir la bouillotte toujours sur le dos.

Le massage peut soulager temporairement les douleurs lombaires. Certaines études suggèrent que l’acupuncture pourrait offrir des bénéfices similaires, mais d’autres suggèrent peu ou pas de bénéfice. La manipulation vertébrale, pratiquée par des chiropracteurs ou certains autres médecins (comme les ostéopathes), peut également soulager lorsqu’elle est associée à un programme d’exercice physique. Cependant, la manipulation vertébrale peut accroître le risque d’autres lésions et doit être évitée chez les personnes qui présentent une arthrite inflammatoire, des problèmes cervicaux qui provoquent une instabilité des vertèbres cervicales ou une hernie discale.

Après diminution de la douleur, une activité modérée, après avis d’un médecin ou d’un kinésithérapeute, peut accélérer la guérison et la récupération. Dans certains cas, un traitement de kinésithérapie peut être bénéfique. Des exercices spécifiques visant à renforcer et détendre le dos ainsi qu’à renforcer les muscles centraux sont habituellement recommandés pour empêcher la douleur lombaire de devenir chronique ou récurrente.

Il est recommandé de dormir dans une position confortable et sur un matelas moyennement ferme. Les personnes qui dorment sur le dos peuvent placer un coussin sous leurs genoux. Les personnes qui dorment sur le côté peuvent utiliser un oreiller afin de maintenir leur tête en position neutre (non penchée vers le lit ni vers le plafond). Elles doivent placer un autre oreiller entre leurs genoux et fléchir légèrement les hanches et les genoux si cela soulage la douleur dorsale. Les personnes peuvent continuer à dormir sur le ventre si cela est confortable.

D’autres mesures préventives (adoption d’une posture correcte, emploi d’une méthode adéquate pour soulever les charges) doivent être mises en place ou poursuivies. En réponse à ces mesures, la plupart des épisodes de douleur dorsale disparaissent en quelques jours à 2 semaines. Tous traitements confondus, 80 à 90 % de ces épisodes se résolvent en 6 semaines.

Traitement de la douleur dorsale chronique

Si la douleur lombaire est chronique, des mesures complémentaires sont nécessaires. Des activités en aérobie, ainsi qu’une perte de poids, si elle s’avère nécessaire, peuvent être recommandés. Si les analgésiques sont inefficaces, d’autres traitements peuvent être envisagés.

On peut procéder à une électrostimulation nerveuse transcutanée (transcutaneous electrical nerve stimulation, TENS). Le dispositif TENS produit une légère sensation de picotement en générant un faible courant oscillatoire. Ce courant peut bloquer la transmission de certaines sensations de douleur de la moelle épinière au cerveau. Le courant peut être appliqué sur la zone douloureuse plusieurs fois par jour, pendant une durée allant de 20 minutes à plusieurs heures par séance, en fonction de l’intensité de la douleur.

Parfois, un corticoïde (tel que la dexaméthasone ou la méthylprednisolone) ainsi qu’un anesthésiant local (tel que la lidocaïne) peuvent être injectés à intervalles réguliers dans les articulations facettaires de la colonne vertébrale ou dans l’espace épidural, entre la colonne et la couche extérieure du tissu recouvrant la moelle épinière. Les injections épidurales peuvent être plus efficaces pour une sciatique causée par une hernie discale que pour une sténose lombaire. Néanmoins, on ne sait pas très bien si elles confèrent un bénéfice à long terme. Elles ne sont en général efficaces que pendant quelques jours à quelques semaines. Elles sont principalement utilisées pour soulager suffisamment la douleur afin de pouvoir démarrer un programme d’exercice physique, qui pourra soulager la douleur à long terme.

Chirurgie pour la douleur dorsale

Si une hernie discale entraîne une sciatique persistante ou chronique, une faiblesse, une perte de sensibilité ou de contrôle de la vessie et des intestins, une ablation chirurgicale de la partie saillante du disque (discectomie) et, dans certains cas, d’une partie de la vertèbre (laminectomie) peuvent être nécessaires.

En cas de sténose sévère du canal vertébral, on peut retirer chirurgicalement une grande partie de l’arrière d’une vertèbre (lame) afin d’élargir le canal rachidien (laminectomie lombaire). Une anesthésie générale est habituellement nécessaire. L’hospitalisation dure en général 4 à 5 jours. Trois à quatre mois peuvent être nécessaires avant la reprise d’une activité normale. Environ deux tiers des personnes récupèrent de façon complète ou satisfaisante. Quant aux autres, cette intervention chirurgicale peut prévenir la douleur et empêcher l’aggravation des autres symptômes.

Si la colonne est instable (à cause, par exemple, d’une hernie discale sévère, d’un spondylolisthésis ou après une laminectomie pour sténose du canal vertébral), une intervention chirurgicale peut être pratiquée afin de fusionner des vertèbres (ce que l’on appelle arthrodèse lombaire). Cependant, cette fusion diminue la mobilité et peut entraîner une tension supplémentaire sur le reste du rachis et provoquer d’autres problèmes.

Douleurs lombaires : Chirurgie
Discectomie
Discectomie

La discectomie signifie l’ablation chirurgicale de la partie du disque qui fait saillie. Cette procédure peut être réalisée quand une hernie discale entraîne une sciatique persistante ou chronique, une faiblesse, une perte de sensation ou une perte du contrôle vésical et intestinal. Parfois, une partie de la vertèbre doit aussi être retirée. Cette procédure est appelée laminectomie.

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Les disques intervertébraux composent un quart de notre colonne vertébrale et sont le système d’absorption des chocs de... en apprendre davantage

Fractures vertébrales par compression

Les fractures vertébrales par compression sont assez courantes chez les femmes âgées de plus de 50 ans. Elles peuvent être traitées de manière conservatrice avec des options non chirurgicales comme un appareil orthopédique, des analgésiques, et éventuellement de la calcitonine en spray nasal, qui ne contribue pas à la cicatrisation osseuse, mais soulage la douleur.

Si la douleur n’est pas correctement contrôlée, il existe deux options chirurgicales :

  • Vertébroplastie : Un mélange de ciment est injecté dans l’os fracturé.

  • Cyphoplastie : Un ballonnet est inséré dans l’os fracturé pour créer un espace. Le ballonnet est ensuite rempli de ciment.

Cependant, des études récentes ont montré que, à long terme, ces interventions chirurgicales ne sont pas plus efficaces que les options non chirurgicales.

Points clés

  • Les douleurs lombaires sont très fréquentes et généralement causées par un trouble musculosquelettique de la colonne vertébrale ainsi que d’autres facteurs comme la fatigue, l’obésité ou le manque d’exercice physique.

  • Chez les personnes jeunes, elles sont rarement graves et les examens sont généralement superflus, à moins que les symptômes ne persistent plusieurs semaines.

  • Une personne qui présente des signes avant-coureurs ou qui a plus de 55 ans doit consulter un médecin sans délai.

  • Un renforcement des muscles abdominaux et dorsaux par des exercices spécifiques peut contribuer à prévenir les types les plus fréquents de douleur lombaire.

  • Dans la plupart des cas de douleur lombaire, l’évitement des activités qui exercent une tension sur le dos, la prise d’analgésiques et parfois l’application de glace ou de chaleur constituent un traitement suffisant.

  • L’alitement prolongé ainsi que les tractions sont susceptibles de retarder la récupération.

  • Dans les cas sévères, par exemple, lorsque les personnes ont une sensibilité anormale et une faiblesse au niveau des jambes, une chirurgie peut être nécessaire.

  • Les fractures vertébrales par compression peuvent être traitées de manière conservatrice (avec un appareil orthopédique, des analgésiques et de la calcitonine en spray nasal) ou parfois de manière plus agressive avec une chirurgie.

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