Différents sous-types d'Escherichia coli sont responsables de diarrhée. L'épidémiologie et les manifestations cliniques varient beaucoup en fonction des sous-types en cause. Si nécessaire, le diagnostic spécifique du microrganisme peut être établi par PCR des selles. Le traitement est habituellement de support.
E. coli est normalement présent dans le tractus gastro-intestinal; cependant, certaines souches ont acquis des gènes qui favorisent les infections intestinales. Lorsqu'elles sont ingérées, les souches suivantes peuvent provoquer une diarrhée:
entérohémorragique est le sous-type le plus cliniquement important aux États-Unis. Il produit une shigatoxine qui entraîne une diarrhée hémorragique (colite hémorragique). Ainsi, ce sous-types est parfois appelé E. coli producteur de toxine Shiga (Shiga toxin–producing E. coli, STEC). E. coli O157:H7 est la souche la plus fréquente de ce sous-type aux États-Unis. Le steack haché insuffisamment cuit, le lait non pasteurisé, les jus et l'eau contaminés sont des sources possibles. La transmission interhumaine est fréquente dans les centres de soins de jour. Des épidémies associées à l'exposition à l'eau dans des lieux récréatifs (p. ex., piscines, lacs, parcs aquatiques) ont également été signalées. Le syndrome hémolytique et urémique est une complication grave qui se développe dans 5 à 10% des cas de STEC (E. coli producteur de shigatoxines) (et 10 à 15% des cas de O157:H7), le plus souvent chez les jeunes et les personnes âgées.
entérotoxinogène produit deux toxines (dont une semblable à la toxine du choléra) qui entraînent une diarrhée hydrique. Ce sous-type est la cause la plus fréquente de diarrhée du voyageur chez les personnes se rendant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
entéropathogène provoque une diarrhée hydrique. Ce sous-type, autrefois cause fréquente d'épidémies de diarrhée dans les garderies, est à présent rare.
entéro-invasif entraîne une diarrhée sanglante ou non, principalement dans les pays à revenu bas ou intermédiaire. Elle est rare aux États-Unis.
entéro-agrégatif provoque une diarrhée de moindre gravité mais plus longue que les autres sous-types. Comme dans le cas de certains autres sous-types, il est plus fréquent dans les pays à revenu bas ou intermédiaire et peut être une cause de la diarrhée du voyageur.
D'autres souches d'E. coli peuvent provoquer une infection extra-intestinale (voir Infections à Escherichia coli).
(Voir aussi Revue générale des gastro-entérites.)
Symptomatologie de la gastro-entérite à E. coli
Les symptômes liés à E. coli hémorragique sont des crampes abdominales sévères qui débutent soudainement avec une diarrhée aqueuse, qui peut devenir sanglante dans les 24 heures. La diarrhée dure habituellement de 1 à 8 jours.
La fièvre est habituellement absente ou modérée, mais peut parfois dépasser 39° C.
Diagnostic de la gastro-entérite à E. coli
Parfois, test des selles avec recherche de la toxine Shiga
Parfois, test PCR des selles
L'examen des selles à la recherche d'une cause bactérienne est indiqué en cas de selles sanglantes ou hème-positives, de fièvre, de diarrhée modérée à sévère ou de diarrhée de plus de 7 jours, chez les patients de 70 ans ou plus, ou en cas de maladie intestinale inflammatoire ou d'immunodépression des troubles tels que le VIH/SIDA. Les études sur les selles sont également indiquées chez les sujets à haut risque de propagation de la maladie à d'autres personnes (p. ex., travailleurs de la santé, de soins de jour ou des services de restauration), et pendant les épidémies connues ou suspectées.
Un test rapide de recherche de la toxine Shiga dans les selles ou, lorsqu'il est disponible, un test de recherche du gène qui code la toxine peuvent être utiles.
Chacun des sous-types d'E. coli peut être détecté dans les selles par Polymerase Chain Reaction (PCR), généralement en utilisant un panel multiplex. Parfois, plus d'un microrganisme est détecté simultanément, dont la signification clinique n'est pas claire.
Traitement de la gastroentérite à E. coli
Réhydratation orale ou IV
Parfois, antibiotiques
Les soins de support, dont la réhydratation par des liquides et des électrolytes, sont la base du traitement et sont tout ce qui est nécessaire pour la plupart des adultes. Des solutés oraux associant glucose et électrolytes ou des bouillons peuvent éviter une déshydratation ou traiter une déshydratation modérée. Les enfants peuvent se déshydrater plus rapidement et doivent bénéficier d'une réhydratation adéquate (plusieurs solutés sont disponibles dans le commerce, voir Réhydratation orale). Des liquides isotoniques IV tels que le Ringer lactate et une solution physiologique normale doivent être administrés en cas de déshydratation sévère, de choc, d'altération de l'état mental et d'iléus ou d'échec du traitement de réhydratation oral (voir aussi Infectious Diseases Society of America's [IDSA] 2017 clinical practice guidelines for the diagnosis and management of infectious diarrhea). En cas de déshydratation sévère, la réhydratation IV doit être poursuivie jusqu'à ce que le pouls, la perfusion et l'état mental se normalisent.
Des antidiarrhéiques (p. ex., lopéramide) ne doivent pas être administrés aux enfants de < 18 ans qui ont une diarrhée aiguë (voir l'IDSA guidelines). Les antidiarrhéiques sont généralement sans danger chez les patients adultes qui ont une diarrhée aqueuse (démontrée par l'absence de sang dans les selles). Cependant, les antidiarrhéiques peuvent entraîner une aggravation en cas d'infection à Clostridioides difficile ou à E. coli O157:H7 et ne doivent donc pas être administrés en cas de prise récente d'antibiotiques ou de présence de sang dans les selles ou de selles positives à l'hème, ou de diarrhée fébrile, dans l'attente d'un diagnostic spécifique.
Les antibiotiques administrés empiriquement ne sont généralement pas recommandés, sauf en cas de suspicion d'infection par Shigella ou Campylobacter élevée (p. ex., contact avec un cas connu). Sinon, les antibiotiques ne doivent pas être administrés avant que les résultats de la culture des selles ne soient connus, car les antibiotiques augmentent le risque de syndrome hémolytique et urémique chez les patients infectés par E. coli O157:H7. Les résultats de la culture des selles sont particulièrement importants chez l'enfant, qui a un taux plus élevé d'infection par E. coli O157:H7.
L'utilisation des probiotiques n'est pas recommandée en cas de suspicion de gastro-entérite à E. coli (voir aussi the American College of Gastroenterology's 2016 clinical guideline of the diagnosis, treatment, and prevention of acute diarrheal infections in adults et the American Gastroenterological Association's 2020 clinical practice guidelines on the role of probiotics in the management of gastrointestinal disorders).
Points clés
Différentes souches d'E. coli peuvent provoquer une diarrhée par divers mécanismes.
E. coli entérohémorragique produit une toxine Shiga, qui provoque une colite hémorragique et parfois un syndrome hémolytique et urémique; E. coli O157:H7 est la souche la plus fréquente de ce sous-type aux États-Unis.
Le test sur les selles n'est pas systématiquement nécessaire, mais si une souche entérohémorragique est suspectée, un test rapide sur les selles à la recherche de la toxine Shiga ou un test basé sur les gènes doit être effectué.
Les antibiotiques ne sont généralement pas nécessaires et peuvent augmenter le risque de syndrome hémolytique-urémique lorsque des souches productrices de toxine Shiga sont impliquées.
Les antidiarrhéiques sont sûrs chez les adultes en cas de diarrhée aqueuse mais doivent être évités chez les enfants de < 18 ans et chez tout patient qui a récemment pris des antibiotiques, une diarrhée sanglante, des selles hème-positives ou une diarrhée avec fièvre.
Plus d'information
Les sources d'information suivantes en anglais peuvent être utiles. S'il vous plaît, notez que LE MANUEL n'est pas responsable du contenu de ces ressources.
Infectious Diseases Society of America: Clinical practice guidelines for the diagnosis and management of infectious diarrhea (2017)
American College of Gastroenterology: Clinical guideline: Diagnosis, treatment, and prevention of acute diarrheal infections in adults (2016)
American Gastroenterological Association: Clinical practice guidelines on the role of probiotics in the management of gastrointestinal disorders (2020)