Le syndrome de Wiskott-Aldrich est un déficit immunitaire associé à un déficit combiné des lymphocytes B et T caractérisé par des infections récidivantes, un eczéma et une thrombopénie.
(Voir aussi Revue générale des déficits immunitaires et Approche du patient qui a un déficit immunitaire.)
Le syndrome de Wiskott-Aldrich est un déficit immunitaire primaire lié à des déficits de l'immunité cellulaire et humorale combinées.
La transmission héréditaire est récessive liée à l'X. Le syndrome de Wiskott-Aldrich est provoqué par des mutations du gène qui code la protéine du syndrome de Wiskott-Aldrich (WASP), une protéine cytoplasmique qui joue un rôle primordial dans le système de signalisation des lymphocytes B et T. La thrombopénie est probablement due à diverses causes, dont une augmentation de la clairance plaquettaire, une thrombopénie inefficace et/ou une diminution de la survie des plaquettes (1).
Les fonctions des lymphocytes B et T étant diminuées, les infections bactériennes à pyogènes et les germes opportunistes, notamment les virus et Pneumocystis jirovecii, se développent. Les infections par les virus varicelle-zona et le virus de l'herpès simplex sont fréquentes.
Références générales
1. Shcherbina A, Rosen FS, Remold-O'Donnell E: Pathological events in platelets of Wiskott-Aldrich syndrome patients. Br J Haematol 106(4):875–883, 1999. doi:10.1046/j.1365-2141.1999.01637.x
Symptomatologie du syndrome de Wiskott-Aldrich
Les premières manifestations sont souvent hémorragiques (habituellement diarrhée sanglante), suivies par l'apparition d'infections respiratoires récidivantes, d'eczéma et de thrombopénie.
Des cancers, en particulier des lymphomes B (EBV+) et une leucémie lymphoblastique aiguë, se développent chez près de 10% des patients de > 10 ans.
Diagnostic du syndrome de Wiskott-Aldrich
Taux d'immunoglobulines
Évaluation de la numération et du volume plaquettaire
Tests de la fonction des globules blancs (p. ex., chimiotaxie des neutrophiles, fonction des cellules T)
Le diagnostic du syndrome de Wiskott-Aldrich est basé sur les éléments suivants:
Diminution du nombre et de la fonction des cellules T
Taux d'IgE et d'IgA élevés
Taux d'IgM Bas
Taux d'IgG bas ou normaux
Diminution de la cytotoxicité des cellules tueuses naturelles
Altération du chimiotactisme des neutrophiles
Un déficit affectant sélectivement les anticorps anti-antigènes polysaccharide (p. ex., antigènes des groupes sanguins A et B) peut être observé; la réponse quantitative des immunoglobulines aux vaccins polysaccharidiques (p. ex., vaccin antipneumococcique) est habituellement mesurée. Les plaquettes sont petites et déficientes et la destruction splénique des plaquettes augmente, causant une thrombopénie. On peut avoir recours à une analyse des mutations pour confirmer le diagnostic s'il existe des preuves cliniques et biologiques de syndrome de Wiskott-Aldrich.
Des tests génétiques chez les apparentés du patient au 1er degré sont recommandés.
Le risque de lymphome et de leucémie est augmenté, une NFS est habituellement effectuée tous les 6 mois. Les changements importants dans symptômes liés à un dysfonctionnement des cellules B nécessitent des évaluations plus approfondies.
Traitement du syndrome de Wiskott-Aldrich
Soins de support avec des immunoglobulines, des antibiotiques et de l'acyclovir prophylactiques
Pour la thrombopénie symptomatique, transfusion de plaquettes et rarement splénectomie
Transplantation de cellules-souches hématopoïétiques
Thérapie génique
Le traitement du syndrome de Wiskott-Aldrich consiste en des antibiotiques prophylactiques et des immunoglobulines pour prévenir les infections bactériennes récurrentes, l'acyclovir pour prévenir de graves infections à virus herpès simplex, et des transfusions de plaquettes pour traiter les hémorragies. En cas de thrombopénie grave, une splénectomie peut être effectuée, mais elle est généralement évitée car elle augmente le risque de septicémie.
Le traitement le mieux établi est la transplantation de cellules-souches hématopoïétiques, mais la thérapie génique est à l'étude. Une petite étude récente de thérapie génique lentivirale des cellules souches/progénitrices hématopoïétiques chez 8 patients atteints du syndrome de Wiskott-Aldrich suivis pendant une période allant jusqu'à 7,6 ans a démontré la résolution des infections graves et de l'eczéma et une diminution des troubles auto-immuns et des hémorragies chez tous les patients (1).
En l'absence d'intervention agressive par transplantation ou thérapie génique, la plupart des patients décèdent avant l'âge de 15 ans; cependant, certains patients survivent jusqu'à l'âge adulte.
Référence pour le traitement
1. Magnani A, Semeraro M, Adam F, et al: Long-term safety and efficacy of lentiviral hematopoietic stem/progenitor cell gene therapy for Wiskott-Aldrich syndrome [published correction appears in Nat Med 2022 Oct;28(10):2217]. Nat Med 28(1):71–80, 2022. doi:10.1038/s41591-021-01641-x