Le masochisme sexuel est la participation intentionnelle à une activité dans laquelle la personne est humiliée, frappée, liée ou fait l'objet d'autres types d'abus pour qu'elle obtienne une excitation sexuelle. Le trouble de masochisme sexuel est diagnostiqué lorsqu'un patient ressent une excitation sexuelle récurrente et intense à la suite de ces activités, mais présente également une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement.
Le fétichisme sexuel est une forme de paraphilie, mais la plupart des sujets qui ont des intérêts masochistes ne correspondent pas aux critères cliniques d'un trouble paraphilique, qui exige que les comportements, fantasmes, ou désirs intenses entraînent une souffrance cliniquement significative ou une altération fonctionnelle. La pathologie doit également avoir été présente pendant ≥ 6 mois.
Les sujets présentant un masochisme sexuel reconnaissent généralement ouvertement leur intérêt ou leur participation à des activités sexuelles masochistes. Le terme BDSM (bondage-domination-sadism-masochism) est un terme descriptif englobant qui comprend les masochistes sexuels qui répondent ou non aux critères cliniques du diagnostic de trouble du masochisme sexuel.
La prévalence du trouble de masochisme sexuel est inconnue. Cependant, une enquête téléphonique en Australie, effectué de 2001 à 2002 a révélé que 2,2% des hommes et 1,3% des femmes ont déclaré avoir été impliqués dans des comportements de BDSM (bondage-domination-sadism-masochism) au cours des 12 derniers mois (1).
Les fantasmes et les comportements sexuels à caractère sadomasochistes sont très fréquents entre adultes consentants. L'activité masochiste tend à être ritualisée et à persister à long terme. Pour la plupart des participants (comme pour la plupart des autres intérêts paraphiliques), l'humiliation et le passage à tabac sont simplement interprétés; les participants savent qu'il s'agit d'un jeu et évitent soigneusement les humiliations ou les blessures réells, souvent par l'utilisation d'un "mot sûr" prénégocié. Cependant, certains masochistes augmentent la gravité de leur activité avec le temps et peuvent cesser d'utiliser leurs mots de sécurité pour se protéger, ce qui peut potentiellement entraîner des blessures graves ou la mort.
Dans le cas des sujets qui se livrent à des activités masochistes, celles-ci peuvent être le mode préféré ou exclusif de production de l'excitation sexuelle. Les sujets peuvent réaliser leurs fantasmes masochistes sur eux-mêmes, p. ex.,
S'attacher eux-mêmes
Se faire des piercing
S'appliquer des décharges électriques
Se brûler
Auto-suffocation pendant la masturbation (asphyxiophilie)
Ou ils peuvent chercher un partenaire qui peut être un sadique sexuel. Les activités avec un partenaire peuvent comprendre le fait d'être
Attaché
Yeux bandés
Fessé
Fouetté
Humilié car on lui a uriné ou déféqué dessus
Contraint de se travestir
Contraint à un acte sexuel
Partiellement asphyxié, habituellement au moment de l'orgasme
Asphyxie auto-érotique (asphyxiophilie)
L'asphyxiophilie est considérée être un sous-type du trouble de masochisme sexuel. Dans le cadre du processus diagnostique, le médecin doit noter si ce comportement est "présent" ou "absent".
Dans ce trouble, les sujets limitent leur respiration (asphyxie partielle), ou permettent à un partenaire de le faire, au moment ou à proximité de l'orgasme pour améliorer l'expérience sexuelle, et non comme un moyen de se blesser. Généralement, les sujets utilisent des accessoires vestimentaires (p. ex., foulards, sous-vêtements) pour s'étouffer. Le lien est souvent pendu à un objet dans la chambre (p. ex., poignée de porte, lit).
La perte de conscience peut se produire rapidement, car l'obstruction du retour veineux du cerveau altère la perfusion cérébrale avant même que l'hypoxie et l'hypercapnie deviennent significatifs. Les sujets qui s'asphyxient de telle manière que la ligature ne se libère pas s'ils perdent connaissance peuvent par inadvertance subir des lésions cérébrales permanentes ou mourir.
Références générales
1. Richters J, Grulich AE, de Visser RO, et al: Sex in Australia: Autoerotic, esoteric and other sexual practices engaged in by a representative sample of adults. Aust N Z J Public Health 27(2):180-190, 2003. doi: 10.1111/j.1467-842x.2003.tb00806.x
Diagnostic du trouble de masochisme sexuel
Critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th edition, Text Revision (DSM-5-TR)
Les critères cliniques spécifiques sont les suivants (1):
Les patients ressentent une excitation sexuelle récurrente et intense après avoir été humiliés, battus, ligotés ou autrement mis en souffrance. Cette excitation est exprimée par des fantasmes, des pulsions intenses ou des comportements.
Leurs fantasmes, leurs pulsions intenses ou leurs comportements causent une détresse importante ou nuisent au fonctionnement au travail, dans des situations sociales ou dans d'autres domaines importants de leur vie.
La pathologie a été présente pendant ≥ 6 mois.
Le médecin doit préciser si
Une asphyxiophilie est présente
Le patient vit dans un environnement contrôlé (où il serait difficile d'avoir des comportements masochistes)
Le patient est en rémission complète (c'est-à-dire, a vécu au moins 5 ans sans détresse/altération dans un environnement non contrôlé)
Référence pour le diagnostic
1. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition,Text Revision (DSM-5-TR). American Psychiatric Association Publishing, Washington, DC.
Traitement du trouble de masochisme sexuel
Thérapie cognitive et comportementale
Traitement antiandrogénique
Le traitement du masochisme sexuel n'est pas nécessaire si l'individu ne présente pas de détresse ou d'altération cliniquement significative. Bien qu'il existe peu de grandes études sur les sujets chez lesquels le diagnostic de trouble du masochisme sexuel serait approprié, une association de thérapie cognitivo-comportementale et de traitements antiandrogènes semble la plus efficace (1).
Référence pour le traitement
1. Lykins A, Hucker SJ: Treatment of sexual masochism. In Case Studies in Sexual Deviance: Toward Evidence-Based Practice, edited by T Downhiller, Routledge/Taylor & Francis Group, 2014, pp. 102–116.