Examen cardiovasculaire

ParJessica I. Gupta, MD, University of Michigan Health;
Michael J. Shea, MD, Michigan Medicine at the University of Michigan
Vérifié/Révisé mars 2023
Voir l’éducation des patients

Un examen général complet est indispensable pour détecter les effets périphériques et systémiques des maladies cardiaques et l'existence d'une maladie extracardiaque pouvant affecter le cœur. L'examen clinique comprend:

  • La mesure des paramètres vitaux

  • La palpation des pouls et l'auscultation

  • L'observation des veines

  • L'inspection et palpation thoraciques

  • La percussion, la palpation et l'auscultation cardiaque

  • L'examen pulmonaire, dont la percussion, la palpation et l'auscultation

  • L'examen de l'abdomen et des membres

L'auscultation cardiaque est traitée dans une rubrique distincte. Malgré l'utilisation sans cesse croissante de l'imagerie cardiaque, l'auscultation au lit du malade reste utile car elle est toujours disponible et peut être répétée aussi souvent que désiré, sans frais.

L'examen comprend également la collecte d'autres données sur le patient.

Signes vitaux

Les signes vitaux comprennent

  • Pression artérielle

  • Fréquence et rythme cardiaques

  • Fréquence respiratoire

  • Température

Les données supplémentaires souvent obtenues avec les signes vitaux comprennent le poids du patient et la saturation périphérique en oxygène (SpO2).

La pression artérielle est mesurée à chaque bras et, en cas de suspicion de troubles cardiaques congénitaux ou des maladies des vaisseaux périphériques, aux deux jambes. La partie gonflable d'un brassard bien adapté recouvre 80% du tour du membre et 40% de sa longueur. Lorsqu'il est mesuré par auscultation, le premier son entendu lors de la décompression du brassard indique la pression systolique; la disparition du son correspond à la pression diastolique (5e phase des bruits de Korotkoff). Une différence de pression allant jusqu'à 15 mmHg entre les bras droit et gauche est normale; une plus grande différence fait évoquer une anomalie vasculaire (p. ex., dissection de l'aorte thoracique) ou un trouble vasculaire périphérique. La pression au niveau des jambes dépasse habituellement de 20 mmHg celle des bras. Dans de nombreux contextes cliniques, la pression artérielle est mesurée à l'aide d'un dispositif automatisé. Pour obtenir une mesure précise de la pression artérielle, le patient doit

  • Être assis sur une chaise (et non sur la table d'examen) pendant > 5 minutes, les pieds sur le sol, le dos soutenu

  • Le membre doit être porté et maintenu au niveau du cœur sans vêtement recouvrant la zone de pose du brassard

  • S'abstenir de faire de l'exercice, de consommer de la caféine ou de fumer pendant au moins 30 minutes avant que la mesure ne soit effectuée

La fréquence et le rythme cardiaque sont évalués en palpant le pouls carotidien ou radial, en utilisant un oxymètre de pouls ou un brassard automatisé qui a cette fonction, ou, si une arythmie est suspectée, par auscultation cardiaque; certains battements cardiaques pendant les troubles du rythme peuvent être audibles mais ne génèrent pas de pouls palpable.

Une anomalie de la fréquence respiratoire peut indiquer une décompensation cardiaque ou une affection pulmonaire primitive. La fréquence cardiaque augmente en cas d'insuffisance cardiaque ou d'anxiété et baisse ou devient intermittente chez le moribond. Une respiration superficielle rapide peut signifier une douleur pleurale.

La température peut s'élever durant un rhumatisme articulaire aigu ou une infection cardiaque (p. ex., endocardite). Après un infarctus du myocarde, une fièvre peu élevée est très fréquente. D'autres causes ne sont recherchées que si la fièvre persiste > 72 heures.

Le poids est mesuré à chaque consultation clinique avec le patient debout et, idéalement, en portant une quantité similaire de vêtements. En cas d'insuffisance cardiaque, une prise de poids peut indiquer une hypervolémie, alors qu'une perte de poids peut indiquer une cachexie cardiaque (perte de poids non œdémateuse non intentionnelle > 5% au cours des 12 derniers mois, 1). Une anamnèse et des résultats supplémentaires de l'examen clinique (veines jugulaires, examens des poumons et des extrémités) sont nécessaires pour déterminer si les changements de poids sont liés à des changements de volume et/ou de quantité de muscle ou de graisse.

La saturation artérielle périphérique en oxygène (SpO2) est mesurée. L'oxymétrie pulsée mesure la saturation en oxygène de l'hémoglobine dans le sang artériel (SpO2) et permet une estimation rapide et non invasive de l'oxygénation tissulaire. L'oxymétrie pulsée est obtenue au moyen d'une sonde fixée à un doigt ou à un lobe de l'oreille. Le consensus général est qu'une SpO2 95% est normale, alors que les valeurs < 95% suggèrent une hypoxémie. Une exception notable à cette valeur seuil est la broncho-pneumopathie chronique obstructive; chez ces patients, la SpO2 cible peut être de 88 à 92%. En cas d'hypoxémie, les étiologies cardiaques potentielles comprennent l'œdème pulmonaire chez les patients qui ont une insuffisance cardiaque et des shunts intracardiaques droit-gauche (un foramen ovale perméable en cas d'hypertension pulmonaire, cardiopathie congénitale dont la tétralogie de Fallot).

Index cheville-bras

L'index cheville-bras correspond au rapport de la pression artérielle systolique au niveau de la cheville à celle du bras. Lorsque le patient est couché, la pression artérielle à la cheville est mesurée à la fois au niveau de l'artère dorsale et tibiale postérieure et la pression artérielle brachiale est mesurée aux deux bras au niveau de l'artère brachiale. L'indice est calculé pour chaque membre inférieur en divisant la pression la plus élevée de l'artère dorsale du pied ou de la tibiale postérieure au niveau de cette extrémité par la plus élevée des 2 pressions systoliques de l'artère brachiale. Ce rapport est habituellement > 1. Une sonde Doppler peut être utilisée pour mesurer la pression artérielle à la cheville si les pouls pédieux ne sont pas facilement palpables.

Un index cheville-bras bas (≤ 0,90) indique une artériopathie périphérique qui peut être classée comme légère (0,71 à 0,90), modérée (0,41 à 0,70), ou sévère (≤ 0,40). Un indice élevé (> 1,30) peut indiquer que les vaisseaux de la jambe sont non compressibles, comme cela peut se produire dans des pathologies associées à la calcification des vaisseaux sanguins, p. ex., diabète, maladie rénale au stade terminal et artériosclérose de Mönckeberg. Un index élevé peut suggérer que d'autres examens vasculaires soient nécessaires (index orteil-bras ou examens duplex artériel).

Modifications orthostatiques

La pression artérielle et la fréquence cardiaque s'évaluent en positions couchée, assise et debout; avec un intervalle d'1 minute entre chaque changement de position. L'hypotension orthostatique est généralement définie comme une diminution de la pression artérielle systolique > 20 mmHg ou de la pression artérielle diastolique > 10 mmHg et une modification de la fréquence cardiaque > 20 battements par minute dans les 3 minutes suivant la station debout; la différence de pression artérielle tend à être un peu plus importante chez les patients âgés en raison de la perte d'élasticité vasculaire. Le patient doit être interrogé sur les symptômes d'hypoperfusion cérébrale, dont des vertiges ou des modifications de la vision. Cependant, la sensibilité de ces mesures pour détecter une hypovolémie (p. ex., secondaire à une perte de sang) est faible.

Les causes des signes vitaux orthostatiques anormaux comprennent une hypovolémie, un dysfonctionnement des baroréflexes (p. ex., dû à des troubles neurodégénératifs tels que des neuropathies autonomes, des neuropathies périphériques, un âge avancé) et, moins fréquemment, une valvulopathie (p. ex., une sténose aortique), une insuffisance ou une arythmie cardiaques. Certains médicaments (p. ex., diurétiques, vasodilatateurs) peuvent également contribuer à des signes vitaux orthostatiques anormaux (2).

Pouls paradoxal

Normalement pendant l'inspiration, la diminution de la pression artérielle systolique peut aller jusqu'à 10 mmHg et le pouls augmente pour compenser. Une exagération de cette réponse normale avec une plus grande diminution de la pression artérielle systolique ou un affaiblissement du pouls pendant l'inspiration est considérée comme un pouls paradoxal. Le pouls paradoxal est observé dans

La pression artérielle baisse pendant l'inspiration car la pression intrathoracique négative augmente le retour veineux et donc le remplissage du ventricule droit; de ce fait, le septum interventriculaire bombe légèrement dans la chambre de chasse du ventricule gauche, diminuant le débit cardiaque et donc la PA. Ce mécanisme (et la baisse de la pression artérielle systolique) est exagéré dans les maladies qui causent une pression intrathoracique négative élevée (p. ex., asthme) ou qui restreignent le remplissage du ventricule droit (p. ex., tamponnade cardiaque, cardiomyopathie) ou la circulation sanguine (p. ex., embolie pulmonaire).

Le pouls paradoxal est quantifié en gonflant le brassard juste au-dessus de la pression artérielle systolique et en le dégonflant très lentement (p. ex., 2 mmHg/battement). On prend note de la pression correspondant aux premiers bruits de Korotkoff audibles (au début, seulement pendant l'expiration) puis quand ils deviennent permanents. La différence entre les pressions représente la "quantité" de pouls paradoxal.

Références pour les signes vitaux

  1. 1. Lena A, Ebner N, Anker MS: Cardiac cachexia. Eur Heart J Suppl 21 (Suppl L): L24–L27, 2019.

  2. 2. Wieling W, Kaufmann H, Claydon VE, et al: Diagnosis and treatment of orthostatic hypotension. Lancet Neurol 21(8):735–746, 2022. doi:10.1016/S1474-4422(22)00169-7

Pouls

Pouls périphériques

Les principaux pouls périphériques des bras et des jambes sont palpés à la recherche de symétrie et de volume (intensité). L'élasticité de la paroi artérielle est notée. L'absence de pouls fait évoquer une artériopathie (p. ex., athérosclérose) ou une embolie systémique. Les pouls périphériques peuvent être difficiles à ressentir chez les sujets obèses ou chez les sujets musclés. Le pouls présente une montée rapide puis s'effondre dans les maladies à circulation artérielle rapide (p. ex., communication artérioveineuse, insuffisance aortique). Le pouls est rapide et bondissant dans l'hyperthyroïdie et les états hypermétaboliques; il est lent et mou dans l'hypothyroïdie. Si les pouls sont asymétriques, l'auscultation des vaisseaux périphériques peut détecter un souffle dû à une sténose.

Pouls carotidiens

L'observation, la palpation et l'auscultation des deux pouls carotidiens peuvent suggérer un trouble spécifique (voir tableau Amplitude du pouls carotidien et troubles associés). Le vieillissement et l'artériosclérose entraînent une rigidité des vaisseaux qui tend à masquer les signes caractéristiques. Chez le très jeune enfant, le pouls carotidien peut être normal, même en présence d'un rétrécissement aortique sévère.

L'auscultation des artères carotides permet de différencier les souffles des bruits surajoutés. Les souffles cardiaques proviennent du cœur ou des gros vaisseaux et sont habituellement plus marqués au-dessus de la région précordiale supérieure, puis s'affaiblissent vers le cou. Les souffles vasculaires, plus aigus, ne sont entendus qu'au niveau des artères et semblent plus superficiels. On doit faire la distinction entre souffle artériel et "hum" veineux. Contrairement au souffle artériel, le "hum" veineux est habituellement continu, mieux entendu sur le patient assis ou debout et disparaît à la compression de la veine jugulaire interne homolatérale.

Tableau
Tableau

Veines

Veines périphériques

Les veines périphériques sont examinées à la recherche de varicosités, de malformations artérioveineuses et de shunts, et d'une inflammation et d'une douleur à la palpation dues à une thrombophlébite. Une malformation artérioveineuse ou un shunt se traduit (à l'auscultation) par un souffle continu, et souvent, à la palpation, par un frémissement (thrill) (car, en systole et en diastole, les résistances sont toujours plus basses au niveau veineux qu'au niveau artériel).

Veines du cou

L'examen des veines du cou permet d'évaluer la hauteur et la forme du pouls veineux. La hauteur est proportionnelle à la pression auriculaire droite, la forme de l'onde reflète les événements du cycle cardiaque; toutes deux sont observées au mieux au niveau de la veine jugulaire interne.

Les veines jugulaires sont habituellement examinées avec le patient en position allongée à 45°. Le sommet du pouls veineux est normalement juste au-dessus des clavicules (limite supérieure normale: 4 cm au-dessus de la fourchette sternale dans le plan vertical). Le pouls veineux est élevé dans l'insuffisance cardiaque, une surcharge volémique, la tamponnade cardiaque, la péricardite constrictive, le rétrécissement tricuspidien, l'insuffisance tricuspidienne, l'obstruction de la veine cave supérieure ou la réduction de la compliance du ventricule droit. Dans les cas sévères, le pouls veineux peut s'étendre jusqu'à la mâchoire et son sommet ne peut être détecté que sur le patient assis droit ou debout. Le pouls veineux est faible en cas d'hypovolémie.

Normalement, le pouls veineux peut être brièvement augmenté par la pression de la main ferme sur l'abdomen (reflux hépatojugulaire ou abdominojugulaire); cette augmentation disparaît en quelques secondes (maximum 3 cycles respiratoires ou 15 s) malgré la pression sur l'abdomen (car un ventricule droit compliant augmente son volume systolique selon le mécanisme de Frank-Starling). Cependant, la colonne reste élevée (> 3 cm) pendant la pression abdominale dans les maladies entraînant une dilatation ventriculaire droite avec un ventricule droit peu compliant ou en cas d'obstruction au remplissage du ventricule droit par un rétrécissement tricuspidien ou une tumeur de l'oreillette droite.

Normalement, en inspiration, le pouls veineux diminue un peu durant l'inspiration puisque la diminution de la pression intrathoracique aspire le sang de la périphérie dans la veine cave. Une augmentation du pouls veineux à l'inspiration (signe de Kussmaül) survient typiquement dans la péricardite chronique constrictive, l'infarctus du myocarde du ventricule droit et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), et également parfois dans l'insuffisance cardiaque et le rétrécissement tricuspidien.

Le pouls veineux jugulaire (voir figure Ondesveineuses jugulaires normales) peut habituellement être visible à l'examen clinique mais il est mieux apprécié sur écran pendant la surveillance de la pression veineuse centrale.

Ondesveineuses jugulaires normales

L'onde a est provoquée par la contraction de l'oreillette droite (systole) et est suivie de la descente x, qui est provoquée par la relaxation auriculaire. L'onde c, une interruption de la descente x, est due à la transmission du pouls carotidien; elle est rarement discernable cliniquement. L'onde v est due au remplissage de l'oreillette droite pendant la systole ventriculaire (la valvule tricuspide est fermée). La descente y est liée au remplissage rapide du ventricule droit pendant la diastole ventriculaire avant la contraction de l'oreillette.

Les ondes a sont augmentées dans l'hypertension artérielle pulmonaire et dans la sténose de la valvule tricuspide. Des ondes a géantes (ondes canon) sont visibles en cas de dissociation auriculoventriculaire, lorsque l'oreillette se contracte sur une valvule tricuspide fermée. Les ondes a disparaissent en cas de fibrillation auriculaire, elles sont accentuées quand la compliance du ventricule droit est mauvaise (p. ex., hypertension artérielle pulmonaire ou sténose pulmonaire). Les ondes v sont très proéminentes dans l'insuffisance tricuspide. La descente x est rapide dans la tamponnade cardiaque. Lorsque la compliance du ventricule droit est faible, la descente y est très abrupte, car l'abondante colonne veineuse faisant irruption dans le ventricule droit à l'ouverture de la valvule tricuspide est brusquement arrêtée par une paroi du ventricule droit rigide (dans la cardiomyopathie restrictive) ou par le péricarde (dans la péricardite constrictive).

Inspection et palpation du thorax

On inspecte la cage thoracique et toutes les impulsions cardiaques visibles. On palpe la région précordiale à la recherche des pulsations (déterminant l'impulsion apicale et donc la position de la pointe cardiaque) et de frémissements.

Inspection

Des déformations thoraciques peuvent survenir dans de nombreux troubles.

Les déformations thoraciques, telles que le thorax en bouclier et le thorax en carène (pectus carinatum, une proéminence du sternum similaire à celui d'un oiseau), peuvent être associées à un syndrome de Marfan (qui peut être accompagné d'une maladie de la racine de l'aorte ou de la valvule mitrale) ou à un syndrome de Noonan (qui peut être accompagné de sténose pulmonaire, communications interauriculaires ou cardiomyopathie hypertrophique). Rarement, une tuméfaction localisée à la partie supérieure du thorax indique un anévrisme aortique dû à la syphilis.

Le pectus excavatum (thorax en entonnoir, dépression sternale) avec une réduction du diamètre antéropostérieur du thorax et un rachis thoracique anormalement droit, peut être associé à des troubles héréditaires comprenant des anomalies cardiaques congénitales (p. ex., syndrome de Turner, syndrome de Noonan) et parfois à un syndrome de Marfan.

Palpation

Le patient est allongé avec un angle d'environ 30 à 45 degrés. En approchant le patient par le côté droit, le médecin palpe systématiquement la région précordiale.

Le choc apical chez les sujets en bonne santé doit être palpable entre le 4e et le 5e espace intercostal juste médial par rapport à la ligne médio-claviculaire sur une zone < 2 à 3 cm de diamètre.

Un soulèvement médiothoracique, palpable sous le sternum et à sa gauche, évoque une hypertrophie sévère du ventricule droit. Parfois, au cours des maladies congénitales causant une hypertrophie sévère du ventricule droit, on voit la région précordiale bomber asymétriquement vers la gauche du sternum.

Une poussée soutenue à l'apex (aisément différenciée du soulèvement moins localisé et plus diffus de l'hypertrophie du ventricule droit) suggère une hypertrophie du ventricule gauche.

Des impulsions précordiales systoliques focales anormales peuvent parfois être perçues en cas d'anévrisme ventriculaire dyskinétique. Une impulsion systolique diffuse anormale soulève la région précordiale en cas d'insuffisance mitrale sévère. L'ascension se produit parce que l'oreillette gauche se dilate, provoquant le déplacement antérieur du cœur. Le ventricule gauche dilaté ou hypertrophié se traduit par un choc apical diffus et dévié en bas et à gauche (p. ex., en cas d'insuffisance mitrale).

Les frémissements sont une sensation palpable présente dans le cas de souffles particulièrement intenses. Leur emplacement suggère la cause (voir tableau Localisation des frémissements et troubles associés).

Tableau
Tableau

La palpation d'une impulsion forte au 2e espace intercostal à gauche du sternum peut être due à une fermeture exagérée de la valvule pulmonaire en cas d'hypertension artérielle pulmonaire. Une impulsion systolique précoce similaire à l'apex cardiaque peut être due à la fermeture d'une valve mitrale sténosée; l'ouverture de la valvule sténosée peut parfois être ressentie au début de la diastole. Ces données correspondent, à l'auscultation, à l'augmentation du 1er bruit cardiaque et à un claquement d'ouverture de la sténose mitrale.

Examen des poumons

Les poumons sont examinés à la recherche de signes d'épanchement pleural et d'œdème pulmonaire, ce qui peut se produire avec des maladies cardiaques telles que l'insuffisance cardiaque. L'examen pulmonaire comprend la percussion, la palpation et l'auscultation.

La percussion est la première manœuvre physique utilisée pour détecter la présence et le niveau d'un épanchement pleural. La découverte à la percussion de zones de matité indique la présence de liquide sous-jacent ou, moins fréquemment, d'une condensation.

La palpation comprend la recherche d’un frémissement palpable (vibrations de la paroi thoracique ressenties quand le patient parle); le frémissement est diminué en cas d’épanchement pleural et de pneumothorax et augmenté en cas de condensation pulmonaire (p. ex., pneumonie lobaire).

L'auscultation des poumons est une composante importante de l'examen des patients présentant une suspicion de maladie cardiaque.

Le caractère et l'intensité du murmure vésiculaire sont utiles pour différencier troubles pulmonaires et troubles cardiaques. Les bruits adventiciels sont des bruits anormaux, tels que les crépitants, les ronchi, le wheezing et le stridor. Des craquements (auparavant appelés râles) et un wheezing sont des sons pulmonaires anormaux qui peuvent être observés en cas d'insuffisance cardiaque, comme dans le cas de maladies non cardiaques.

  • Les crépitants sont des bruits adventiciels discontinus. Les crépitants fins sont des sons courts de tonalité élevée; les crépitants plus gros sont des bruits de plus longue durée et plus graves. Les crépitants ont été comparés au bruit du plastique froissé et peuvent être simulés par le frottement des cheveux entre 2 doigts près de l'oreille. Ils apparaissent le plus souvent à l'occasion d'une atélectasie, de remplissage alvéolaire (p. ex., dans l'œdème du poumon dans l'insuffisance cardiaque), et de pathologie pulmonaire interstitielle (p. ex., fibrose pulmonaire); ils traduisent l'ouverture des alvéoles collabées.

  • Le wheezing est un bruit musical et sifflant plus prononcé à l'expiration qu'à l'inspiration. Le wheezing est un signe clinique ou un symptôme et est habituellement associé à une dyspnée. Des wheezings sont le plus souvent dus à l'asthme, mais ils peuvent également être observés en cas de maladies cardiaques telles que l'insuffisance cardiaque.

Examenabdominal et des extrémités

Les extrémités et l'abdomen sont examinés à la recherche de signes de surcharge liquidienne, pouvant survenir en cas d'insuffisance cardiaque ainsi que dans des troubles non cardiaques (p. ex., rénaux, hépatiques, lymphatiques).

Abdomen

Dans l'abdomen, une surcharge liquidienne importante se manifeste par de l'ascite. Une ascite marquée cause une distension visible de l'abdomen, qui est tendu et non douloureux à la palpation, avec une matité à la percussion abdominale et une vague liquidienne. Le foie peut être distendu et légèrement sensible à la palpation, et associé à un reflux hépatojugulaire.

Membres

Au niveau des membres (principalement les jambes), l'excès de liquide se manifeste sous forme d'œdème, qui est un gonflement des tissus mous dû à l'augmentation du liquide interstitiel. L'œdème peut être visible à l'inspection, mais un œdème modeste chez les personnes très obèses ou très musclées peut être difficile à reconnaître visuellement. Ainsi, les membres sont palpés à la recherche de la présence et du degré du signe du godet (dépression visible et palpable provoquée par une pression du doigt de l'examinateur, qui déplace le liquide interstitiel). La région de l'œdème est examinée pour en apprécier l'extension, la symétrie (c'est-à-dire, en comparant les deux membres), la chaleur, l'érythème et la sensibilité. En cas de surcharge liquidienne significative, l'œdème peut également être présent au niveau du sacrum et/ou des organes génitaux. L'œdème prenant le godet est noté sur une échelle de 1 à 4, mais il n'y a pas de définition convenue de ces grades.

La douleur et/ou l'érythème en particulier s'ils sont unilatéraux, suggèrent une cause inflammatoire (p. ex., cellulite ou thrombophlébite). Un œdème ne prenant pas le godet est plus évocateur d'une obstruction vasculaire ou lymphatique que d'une surcharge liquidienne.

Échographie au lit du malade

(Voir aussi Échocardiographie.)

L'échographie au lit du malade est un complément à l'examen clinique qui utilise de petits échographes, peu coûteux, fonctionnant sur batterie. Les techniques Doppler couleur et bidimensionnelles peuvent être utilisées. Il a été démontré qu'un examen échographique bref et ciblé pouvait améliorer la détection de diverses anomalies cardiaques et confirmer les résultats de l'examen clinique ou parfois établir un diagnostic en l'absence de signes cliniques. Les utilisations courantes comprennent l'identification de (1, 2)

  • Dysfonction systolique ventriculaire gauche (avec anomalie globale ou régionale du mouvement de la paroi)

  • Anomalie du mouvement de la paroi ventriculaire gauche (avec fonction systolique réduite ou normale)

  • Pressions de remplissage du cœur gauche élevées (oreillette gauche augmentée)

  • Anomalies valvulaires

  • Œdème pulmonaire (lignes B verticales dans les champs pulmonaires)

  • Épanchement pleural

  • Congestion veineuse systémique (veine cave inférieure dilatée)

  • Épanchements et tamponnade péricardiques

Une formation adéquate à la réalisation d'examens échographiques brefs est essentielle pour assurer une qualité d'image élevée et une interprétation précise (2). Il est important de noter que l'échographie au lit du malade doit être utilisée pour améliorer plutôt que remplacer l'examen clinique.

Références pour l'échographie au point d'intervention/au lit du malade

  1. 1. Kimura BJ: Point-of-care cardiac ultrasound techniques in the physical examination: better at the bedside. Heart 103:987–994, 2017. doi: 10.1136/heartjnl-2016-309915

  2. 2. Spencer KT, Kimura BJ, Korcarz CE, et al: Focused Cardiac Ultrasound: Recommendations from the American Society of Echocardiography. J Am Soc Echocardiogr 26:567–581, 2013. doi: 10.1016/j.echo.2013.04.001

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