Trouble obsessionnel-compulsif (TOC)

ParKatharine Anne Phillips, MD, Weill Cornell Medical College;
Dan J. Stein, MD, PhD, University of Cape Town
Vérifié/Révisé juin 2023
Voir l’éducation des patients

Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) est caractérisé par des pensées récurrentes, persistantes, non désirées et intrusives, des pulsons, ou des images (obsessions) et/ou par des comportements répétitifs ou des actes mentaux que les patients se sentent poussés à faire (compulsions, rituels) pour essayer de réduire ou éviter l'angoisse que provoquent les obsessions. Le diagnostic repose sur l'anamnèse. Le traitement consiste en une psychothérapie (en particulier, la prévention de l'exposition et de la réponse plus, dans de nombreux cas, une thérapie cognitive), un traitement médicamenteux (en particulier, des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine [ISRS] et/ou de la clomipramine).

Les troubles obsessionnels compulsifs sont légèrement plus fréquents chez les femmes que chez les hommes à l'âge adulte et concernent environ 1 à 2% de la population à tout moment (1). L'âge moyen d'apparition des troubles obsessionnels compulsifs est de 19 à 20 ans, mais environ 25% des cas commencent avant l'âge de 14 ans (voir Trouble obsessionnel-compulsif [TOC] et troubles associés chez l'enfant et l'adolescent). Jusqu'à 30% des sujets atteints de troubles obsessionnels-compulsifs ont aussi ou ont eu des tics.

Références générales

  1. 1. Stein DJ, Costa DLC, Lochner C, et al: Obsessive-compulsive disorder. Nat Rev Dis Primers 5(1):52, 2019. doi: 10.1038/s41572-019-0102-3

Symptomatologie des troubles obsessionnel-compulsifs

Les obsessions sont des pensées des pulsions, ou des images mentales, indésirables, intrusives, dont la présence cause en général une détresse ou une anxiété marquées. Les sujets dominants des obsessions comprennent les préjudices (p. ex., la peur de se blesser ou de blesser les autres), le nettoyage ou la contamination (p. ex., les patients peuvent être obsédés par la contamination par la saleté ou les germes), les pensées interdites ou taboues (p. ex., obsessions agressives ou sexuelles) et le besoin de symétrie. Les obsessions ne sont pas des situations agréables. Ainsi, les patients essaient habituellement d'ignorer et/ou les supprimer ou ils essaient de les neutraliser en effectuant une compulsion.

Les compulsions (souvent appelés rituels) sont des comportements excessifs, répétitifs, motivés que les sujets sentent qu'ils doivent effectuer pour prévenir ou réduire l'anxiété causée par leurs pensées obsessionnelles ou neutraliser leurs obsessions. Les exemples en sont

  • Lavage (p. ex., lavage des mains, douche)

  • Vérification (p. ex., que le poêle est éteint, que les portes sont verrouillées)

  • Compter (p. ex., la répétition d'un comportement un certain nombre de fois)

  • Mettre de l'ordre (p. ex., l'organisation de la table pour les repas ou l'espace de travail selon un modèle spécifique)

La plupart des rituels, tels que le lavage des mains ou la vérificationdes serrures, est observable, mais certains rituels mentaux, tels que lecomptage silencieux répétitif ou les déclarations murmurées, ne le sont pas. Généralement, les rituels compulsifs doivent être effectués d'une manière précise et selon des règles rigides. Les rituels peuvent ou non être reliés de façon réaliste à l'événement redouté. Lorsqu'elles sont connectées avec la réalité (p. ex., douche pour éviter d'être sale, vérification de la cuisinière pour empêcher un feu), les compulsions sont manifestement excessives, p. ex., la douche pendant des heures chaque jour ou vérifier le poêle 30 fois avant de quitter la maison. Dans tous les cas, les obsessions et/ou des compulsions doivent prendre beaucoup de temps (c'est-à-dir., qu'elles occupent jusqu'à 1 heure/jour ou souvent beaucoup plus) ou causer aux patients une détresse significative ou une altération du fonctionnement; à l'extrême, les obsessions et les compulsions peuvent être incapacitantes.

Le degré de compréhension varie. La plupart des sujets atteints de troubles obsessionnels-compulsifs reconnaissent au moins dans une certaine mesure que les croyances sous-jacentes à leurs obsessions ne sont pas réalistes (p. ex., qu'ils ne seront pas vraiment atteints d'un cancer s'ils touchent un cendrier). Cependant, parfois, la conscience des obsessions est totalement absente (c'est-à-dire, que les patients sont convaincus que les croyances sous-jacentes de leurs obsessions sont vraies et que leurs compulsions sont raisonnables).

Comme les sujets présentant ce trouble peuvent éprouver de la gêne ou craindre une stigmatisation, ils dissimulent souvent leurs obsessions et leurs rituels. Le temps, la détresse ou le mauvais fonctionnement associés auxobsessions et aux compulsions peuvent perturber les relations et entraîner unebaisse des performances à l'école ou au travail.

De nombreux sujets atteints des troubles obsessionnels compulsifs ont des troubles psychologiques concomitants passés ou actuels, dont des

Près de 50% des sujets qui ont un trouble obsessionnel-compulsif ont des pensées suicidaires à un moment donné, et environ 10% tentent de se suicider (voir Comportement suicidaire) (4, 5). Le risque de tentative augmente si les sujets présentent également un trouble dépressif majeur.

Références pour la symptomatologie

  1. 1. Pallanti S, Grassi G, Sarrecchia ED, et al: Obsessive-compulsive disorder comorbidity: Clinical assessment and therapeutic implications. Front Psychiatry 21;2:70, 2011. doi: 10.3389/fpsyt.2011.00070

  2. 2. Ruscio AM, Stein DJ, Chiu WT, et al: The epidemiology of obsessive-compulsive disorder in the National Comorbidity Survey Replication. Mol Psychiatry 15(1):53-63, 2010. doi: 10.1038/mp.2008.94

  3. 3. Coles ME, Pinto A,  Mancebo MC, et al: OCD with comorbid OCPD: A subtype of OCD? J Psychiatr Res 42(4):289-296, 2008. doi: 10.1016/j.jpsychires.2006.12.009

  4. 4. Pellegrini L, Maietti E, Rucci P, et al: Suicide attempts and suicidal ideation in patients with obsessive-compulsive disorder: A systematic review and meta-analysis. J Affect Disord 276:1001-1021, 2020. doi: 10.1016/j.jad.2020.07.115

  5. 5. American Psychiatric Association: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th ed. Text Revision (DSM-5-TR). Washington, DC, American Psychiatric Association, 2022.

Diagnostic des troubles obsessionnels compulsifs

  • Critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th edition, Text Revision (DSM-5-TR)

Le diagnostic des troubles obsessionnels-compulsifs est clinique, basé sur la présence d'obsessions et/ou de compulsions.

Les obsessions sont définies par les deux éléments suivants:

  • Pensées, pulsions ou images récurrentes et persistantes ressenties, à un certain moment au cours de la perturbation, comme intrusives et non désirées et qui chez la plupart des individus provoquent une anxiété ou une détresse marquées.

  • L'individu tente d'ignorer ou de supprimer ces pensées, ces pulsions ou ces images, ou de les neutraliser par une autre pensée ou action (c'est-à-dire, en effectuant une compulsion).

Les compulsions sont définies par les deux éléments suivants:

  • Comportements répétitifs (p. ex., se laver les mains, ordonner, vérifier) ou actes mentaux (p. ex., prier, compter, répéter des mots en silence) que l'individu se sent poussé à effectuer en réponse à une obsession, ou selon des règles qui doivent être appliquées de manière rigide.

  • Les comportements ou les actes mentaux visent à prévenir ou à réduire l'anxiété ou la détresse ou à prévenir un événement ou une situation redoutés; cependant, ces comportements ou ces actes mentaux ne sont pas liés de manière réaliste à ce qu'ils sont destinés à neutraliser ou à prévenir, ou bien ils sont manifestement excessifs.

Les obsessions ou les compulsions doivent prendre du temps (p. ex., > 1 heure/jour) ou causer une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement. En outre, elles ne doivent pas être attribuables aux effets physiologiques d'une substance (p. ex., médicaments, drogues illicites) ou d'une pathologie médicale.

Traitement des troubles obsessionnels compulsifs

  • Thérapie cognitive et comportementale

  • Inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou clomipramine, plus, si nécessaire, un médicament augmentant

La thérapie cognitivo-comportementale, qui comprend l'exposition et la thérapie de prévention rituelle, s'est avérée efficace chez les patients présentant un trouble obsessionnel-compulsif (1). L'élément essentiel de la thérapie d'exposition et de prévention des rituels consiste à exposer progressivement les patients à des situations ou à des sujets qui déclenchent les obsessions et les rituels anxiogènes tout en leur demandant de ne pas effectuer leurs rituels. Par exemple, un patient obsédé par la contamination et soumis à des contraintes de lavage peut être invité à toucher un siège de toilette sans se laver les mains. Cette approche permet à l'anxiété déclenchée par l'exposition de diminuer grâce au mécanisme d'habituation et d'apprentissage. L'amélioration se poursuit souvent pendant des années, en particulier chez le patient qui maîtrise bien cette technique et qui l'utilise même après la fin de la phase active de traitement. Cependant, certains patients ont des réponses incomplètes (comme pour les médicaments).

Les techniques de thérapie cognitive (p. ex., la reconstruction cognitive) peuvent également être utiles contre certains symptômes des troubles obsessionnels-compulsifs.

Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et la clomipramine (un antidépresseur tricyclique aux effets sérotoninergiques puissants), sont souvent très efficaces. Des doses plus élevées sont souvent nécessaires telles que celles utilisées dans les dépressions et la plupart des troubles anxieux.

Certains patients qui ne s'améliorent pas substantiellement avec des essais adéquats de ces médicaments peuvent tirer profit d'une augmentation avec un médicament tel qu'un neuroleptique atypique (p. ex., l'aripiprazole, la rispéridone). Les patients qui ont une comorbidité de tic actuelle ou passée peuvent être plus sensibles à l'augmentation par un neuroleptique (2). L'augmentation par un modulateur du glutamate (p. ex., mémantine, N-acétylcystéïne) est également prometteuse (3). Cependant, il existe plus de données à l'appui des neuroleptiques atypiques utilisés comme agents augmentant les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine que d'autres médicaments.

De nombreux experts estiment qu'il est préférable de combiner l'exposition et la prévention des rituels avec un traitement médicamenteux, en particulier dans les cas graves.

Références pour le traitement

  1. 1. Öst L-G, Havnen A, Hansen B, et al: Cognitive behavioral treatments of obsessive-compulsive disorder. A systematic review and meta-analysis of studies published 1993-2014. Clin Psychol Rev 40:156-169, 2015. doi: 10.1016/j.cpr.2015.06.003

  2. 2. Bloch MH, Landeros-Weisenberger A, Kelmendi B, et al: A systematic review: Antipsychotic augmentation with treatment refractory obsessive-compulsive disorder. Mol Psychiatry11(7):622-632, 2006. doi: 10.1038/sj.mp.4001823

  3. 3. Paydary K, Akamaloo A, Ahmadipour A, et al: N-acetylcysteine augmentation therapy for moderate-to-severe obsessive-compulsive disorder: Randomized, double-blind, placebo-controlled trial.  Clin Pharm Ther 41(2):214-219, 2016. doi: 10.1111/jcpt.12370

Points clés

  • Les obsessions sont des pensées, des images et des besoins urgents intrusifs, non désirés, qui provoquent habituellement une détresse ou une anxiété marquées.

  • Les compulsions sont des rituels excessifs, répétitifs que les sujets ressentent devoir faire pour réduire l'anxiété causée par leurs pensées obsessionnelles ou neutraliser leurs obsessions.

  • Les obsessions et/ou les compulsions doivent prendre beaucoup de temps (p. ex., > 1 heure/jour, souvent beaucoup plus) ou causer une détresse significative ou une altération du fonctionnement chez le patient.

  • Traiter en exposant progressivement les patients aux situations qui déclenchent les obsessions et les rituels anxiogènes tout en leur demandant de ne pas accomplir leurs rituels. L'ajout d'approches cognitives à la prévention de l'exposition et de la réponse peut être utile.

  • Envisager de combiner l'exposition et la prévention des rituels avec des médicaments (c'est-à-dire, un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine ou de la clomipramine), en particulier dans les cas graves.

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